Il n'est pas besoin d'aimer Christine Angot (l'auteure et la personne publique) pour apprécier Un amour impossible. En priorité parce que l'autofiction sulfureuse est devenue un film romanesque et ample qui symbolise avec son héroïne certains aspects de la condition féminine dans les années 50 et 60. Malgré une voix off un peu trop littéraire et atone, le film de Catherine Corsini séduit par sa pudeur et son portrait subtil d'une amoureuse, d'une amante et d'une mère, soumise à la manipulation masculine. Un amour impossible ne tait pas le comportement innommable d'un homme (et d'un père) indigne mais réussit à l'évoquer avec une délicatesse qui n'atténue pas la souffrance. En brossant la violence sociale d'une époque, le film conte l'émancipation douloureuse d'une femme avec ses failles et son aveuglement mais surtout avec son courage et son indéfectible amour pour une fille qu'elle n'aura pas su protéger d'un prédateur. Une qualité de la réalisation de Catherine Corsini, qui n'est pas la moindre, est d'évoquer le passage du temps avec une fluidité parfaite. A 25 ans, 35 ou même 65, Vitginie Efira se révèle une fois de plus admirable, faisant passer avec une grâce infinie toutes les nuances d'un personnage que peu d'actrices auraient pu défendre avec un tel talent. N'oublions pas pour autant Niels Schneider, aussi remarquable que dans Diamant noir, dans un rôle très difficile et foncièrement antipathique.