Tiré du livre autobiographique de Christine Angot, ce film de Catherine Corsini est sans doute le plus beau film français que j'ai vu ces 10 dernières années. Pas moins.
Derrière une histoire d'amour impossible comme on en a vu des floppées au cinéma depuis des lustres, Catherine Corsini développe un discours sociologique digne des grands Chabrol sur le rapport entre la domination bourgeoise et la classe populaire.
"Un Amour impossible" est - pour moi - un grand film politique avant d'être une banale romance d'après guerre. Catherine Corsini élabore son discours sociale avec une justesse incroyable, une subtilité digne des grands romanciers.
Derrière l'amour impossible entre Philippe, issu de la bourgeoisie parisienne, et Rachel petite employée de bureau de province, c'est tout un discours politique qui s'échafaude. Celui de la domination de classe et de l’assujettissement des classes populaires par la bourgeoisie.
Une entreprise de démolition en règle de Rachel par Philippe, qui se cristallise en la personne de leur enfant commun : Chantal. Chantal, c'est le clivage. L'instrument que va utiliser Philippe pour assujettir, mettre à genou Rachel, qui n'est dans le film que le symbole, la figure, de sa condition sociale.
La scène finale du film entre Rachel et Chantal, d'une intensité bouleversante, vient expliciter la démarche du père et lui donner cette dimension sociologique. C'est Chantal qui fait elle-même l'analyse de l'entreprise de destruction de sa mère, et de sa condition, par son père.
Quelle maîtrise ! Quel film ! C'est du niveau de la "Cérémonie" de Chabrol, dans un autre registre. Comme on est loin de ce cinéma parisien qui gangrène les écrans et nos esprits depuis 10 ans !