De l'excès dans la misogynie mais de la très grande justesse dans les meilleurs moments !!!
En voyant ses films des années 60-70 (surtout 60 !!!), je me demande comment John Schlesinger a pu terminer sa carrière sur un navet avec Madonna... Enfin bref... "Un Amour pas comme les autres", son premier film, ne fait que mieux se faire gratter la cervelle pour répondre à cette question.
Ce très beau représentant du Free Cinema nous fait plonger avec réalisme, comme le deuxième film du réalisateur, l'excellent "Billy le menteur", dans la grisaille d'une grande ville industrielle anglaise souffrant sérieusement de sinistrose, et s'attache à un homme normal, pensant comme tout homme normal, un brin frustré évidemment, qui se respecte à voir ailleurs, qui va tomber amoureux d'une collègue de travail...
D'ailleurs la première partie est une réussite de justesse. Notamment la séquence dans le bus où le protagoniste séduit maladroitement sa collègue, celle-ci s'apercevant de sa maladresse mais essayant de ne pas en tenir compte car voulant être séduite et surtout étant déjà séduite, on ne peut que déjà l'avoir vécue. Bref empathie profonde rien que pour cette scène pour les deux personnages principaux superbement interprétés par Alan Bates et June Ritchie.
On peut regretter donc dans la deuxième partie une misogynie un peu trop féroce pour être crédible, l'histoire à partir de ce moment approfondissant bien le personnage masculin mais négligeant le féminin, se résumant juste à une gourde qui est toujours d'accord avec son acariâtre de mère, cette dernière étant décrite sans pratiquement le moindre soupçon de subtilité. Les autres représentantes du "beau sexe" dans cette même partie ne sont guère mieux servies.
Mais en dehors de cette réserve qui fait que ce qui aurait pu être un grand film est juste un très bon film, le conservatisme moral de l'époque est critiqué avec acuité, le mariage s'en prend pas mal sur la gueule même si c'est tempéré par une scène d'introduction qui montre un mariage bien parti pour être heureux ou par une fin qui laisse sur une touche d'optimisme quant au sort de nos deux personnages. (Au passage, on peut regretter un titre français complètement à côté de la plaque car contrairement au titre original il ne résume pas du tout l'ironie sous-jacente de l'histoire !!!)
Une oeuvre imparfaite par excès de misogynie mais incontestablement touchante car dans ses meilleures moments elle sait viser très juste.