Encore une histoire de titre … Le film original a pour titre "Fifth Avenue Girl" que le DVD que je possède respecte scrupuleusement avec "la fille de la cinquième avenue". Mais SC ne connait le film que sous le titre, pas incohérent, "Un ange en tournée" qu'une rapide recherche sur wikipedia a confirmé comme étant un titre alternatif donné par la banque de données IMDb.
Par rapport au titre original, un esprit mesquin comme le mien dirait encore que "un ange en tournée" laisse en bouche un petit goût de spoil. M'enfin !
De Gregory La Cava, je ne connais guère que deux films, celui-ci et un autre vu il y a des lustres au "cinéma de minuit", "Gabriel au-dessus de la Maison Blanche" dont je ne me souviens pas vraiment. Donc difficile de replacer le film dans la carrière de La Cava sinon pour dire que c'est un faiseur de comédies à caractère plutôt social. Comme Capra.
Justement, dans "un ange en tournée", La Cava met en scène un industriel un peu déprimé car ses affaires, qui furent brillantes, sont en déclin et car sa famille, qui profite de la belle vie, l'ignore y compris le jour de son anniversaire. Seule sa secrétaire lui offre un petit cadeau (une cravate) …
Aussi, sur les conseils de son majordome, il fait un tour dans Central Park où il fait la rencontre d'une jeune femme (Ginger Rogers) au chômage qu'il invite à diner et à séjourner chez lui, histoire de faire bisquer tout le monde : l'épouse (qui collectionne les amants), le fils (censé prendre la suite et qui en branle pas une) et la fille (qui fait la fiesta et courtise le chauffeur)
L'idée est astucieuse d'introduire dans une famille riche, un élément pauvre qui va remettre en cause les mauvaises habitudes et mentalités. Et Ginger Rogers se prête bien au rôle avec ses réflexions sarcastiques qui font prendre conscience aux protagonistes les dérives inacceptables.
"Je pense que les gens riches sont des gens pauvres avec de l'argent"
En somme, c'est un film qu'on pourrait qualifier "à gauche", à l'américaine ou à la Capra, où de graves questions sont débattues (capital ou propriété face au travail ou au chômage) sans véritablement pousser de trop les feux de la discussion…
Face à elle, l'industriel déprimé, c'est Walter Conolly qui n'est pas un inconnu car on le trouve régulièrement chez Capra, en particulier. C'est ici un de ses derniers rôles.
Parmi le casting, on note la présence de Louis Calhern dans un petit rôle, sympa, de psychiatre ou encore Tim Holt dans le rôle du fils.
En conclusion, c'est un film qu'on regarde avec plaisir ne serait-ce que pour le jeu sobre mais teinté de mélancolie de Ginger Rogers. Il y a de très belles scènes comme celle du ragoût que fait l'épouse pour son mari (qui en raffole).
C'est dommage que la fin soit un peu bâclée. J'aurais bien vu aussi que les personnages secondaires soient un peu plus approfondis afin de leur donner un peu plus de saveur.