Ce film a frappé un grand coup en 1975, je m'en souviens, je ne l'ai pas vu à sa sortie pour une raison que j'ai oubliée (je le verrai bien plus tard en VHS) mais on en parlait beaucoup dans la presse, c'était le grand envol de Pacino vers une starisation qui ne le quittera plus. En effet, après la révélation dans le Parrain où les regards étaient braqués sur Brando et la force du sujet, Serpico lui fournit un rôle fort, mais avec Un après-midi de chien, il met en place son jeu à la fois fébrile et grandiose pour un grand numéro d'acteur.
Mais le film, même s'il repose sur le grand Al, vaut aussi pour le talent de Lumet qui dépeint efficacement et sans esbroufe une situation extrême où se dévoile un aspect de la société contemporaine. Il analyse avec beaucoup d'acuité toutes les situations qui se greffent peu à peu autour de cette prise d'otages, et tous les comportements : voyeurisme de la foule, détraqués qui téléphonent à la banque, nervosité ou sang-froid des flics, faiblesses des otages, avidité des médias pour s'octroyer un scoop et leur façon cynique de transformer un braquage en spectacle, et surtout désarroi et fragilité mentale d'un paumé, rattrapé par le Vietnam, par les violences policières (le fameux "Attica, Attica" que Pacino hurle pour se mettre la foule de son côté), et par son homosexualité plus ou moins refoulée qui ne résiste pas au vertige de se retrouver soudain au devant de l'actualité.
Tout ceci échappe à tous les stéréotypes habituels, Lumet brasse en même temps otages, criminels, policiers et homosexuels dans une atmosphère électrique et survoltée, servie par d'excellents acteurs, dont on retient outre Pacino, Charles Durning, l'officier de police qui tente de négocier avec Sonny, et John Cazale dans le rôle de Sal, le partenaire tendu de Sonny. Ce film qui s'inspire au départ d'un fait divers authentique, est parfois dérangeant, parfois un peu long et aurait gagné encore plus avec un meilleur rythme, mais ça reste un grand film, l'un des meilleurs de Lumet.

Créée

le 4 mai 2019

Critique lue 476 fois

31 j'aime

6 commentaires

Ugly

Écrit par

Critique lue 476 fois

31
6

D'autres avis sur Un après-midi de chien

Un après-midi de chien
zombiraptor
9

Braquage à lapin

Trois types qui braquent une banque, j'ai décidément un intérêt inlassable pour les scénarios anorexiques. Il n'y a qu'eux qui soient assez limpides pour l'expression d'une mise en scène sans nulle...

le 11 janv. 2015

116 j'aime

18

Un après-midi de chien
Mr_Jones
9

Un après-midi de chien ou "comment passer un put*** de bon moment"

Basé sur un fait divers réel qui s'est déroulé à Brooklyn durant l'été 1972, Dog Day Afternoon raconte un braquage où rien ne se passe comme prévu et relayé en direct par les médias télévisés. La...

le 8 sept. 2011

61 j'aime

Un après-midi de chien
Vincent-Ruozzi
9

Chienne de vie

Deux ans après leur première association dans Serpico, Sidney Lumet dirige à nouveau Al Pacino en acteur principal dans Un après-midi de chien. Retournant dans la jungle urbaine new-yorkais et son...

le 16 mai 2019

48 j'aime

16

Du même critique

Il était une fois dans l'Ouest
Ugly
10

Le western opéra

Les premiers westerns de Sergio Leone furent accueillis avec dédain par la critique, qualifiés de "spaghetti" par les Américains, et le pire c'est qu'ils se révélèrent des triomphes commerciaux...

Par

le 6 avr. 2018

123 j'aime

98

Le Bon, la Brute et le Truand
Ugly
10

"Quand on tire, on raconte pas sa vie"

Grand fan de westerns, j'aime autant le western US et le western spaghetti de Sergio Leone surtout, et celui-ci me tient particulièrement à coeur. Dernier opus de la trilogie des "dollars", c'est...

Par

le 10 juin 2016

98 j'aime

59

Gladiator
Ugly
9

La Rome antique ressuscitée avec brio

On croyait le péplum enterré et désuet, voici l'éblouissante preuve du contraire avec un Ridley Scott inspiré qui renouvelle un genre ayant eu de beaux jours à Hollywood dans le passé. Il utilise les...

Par

le 5 déc. 2016

95 j'aime

45