Un après-midi de chien par Ludovic Stoecklin
Sidney Lumet avait déjà réussi à me faire rêver en me faisant vivre un film haletant, poignant, un véritable monument avec une simple table, des chaises et 12 jurés pour délibérer sur un meurtrier présumé.
Alors quand on il se lance dans la réalisation d'un biopic avec pour thème central un braquage de banque, il réalise tout simplement le chef d’œuvre du genre qui 28 ans plus tard n'a pas pris la moindre ride et renvoie au placard tous les navets du genre avec Jason Statham ou Bruce Willis.
Dès le début du film, je me suis pris d'empathie pour cette team de bras cassés qui ne maîtrise pas du tout son sujet. Presque comique ce départ est annonciateur comme le stipule le titre, d'une journée sacrément pourrie.
J'ai retrouvé tous les ingrédients qui font de 12 Angry Men ( oui j'utilise les titres Anglais ça fait plus cool ) un film particulier à mes yeux, la finesse d'une réalisation impeccable et cette virtuosité du huis clos. Celle qui nous donne l'impression d'être à l'intérieur de cette banque entrain de ressentir la chaleur étouffante qui s'en dégage.
Mais cette réalisation aussi marquante soit-elle a besoin d'acteurs pour nous faire vivre de manière crédible ce récit délirant. La distribution est parfait, mais celui qui offre une prestation absolument sublime, c'est bien sûr Al Pacino qui s'il ne n'était pas retrouvé en face de Nicholson dans One Flew Over the Cuckoo's Nest aurait eu l'oscar haut la main.
Il offre à Sonny son personnage un vrai récital qui fait qu'on s'attache à lui immédiatement, c'est probablement la première fois que je souhaite autant qu'un criminel s'en sorte. Voir cet homme totalement perdu, qui voit son braquage se transformer en véritable cauchemar parvenir à garder son sang froid sans jouer les gros bras invulnérable. Juste avec ses armes, c'est à dire un petit drapeau blanc et une loquacité exemplaire pour tenter de maintenir à flot ce bateau qui coule petit à petit.
Quant aux thèmes abordés à la moitié du film dans ce contexte là et en 1975 m'ont totalement retournés dans mon fauteuil.
Plus qu'un film sur un braquage simple vitrine à quelque chose de bien plus profond, Sidney Lumet réalise un film sur un homme, Sonny Wortzik qui vit la pire journée de sa vie, un petit bijou du genre qui 30 ans plus tard n'a toujours pas été ne serait-ce qu'égalé.