L’ouverture de ce film montre divers plans de New-York, le décor est planté, cela se passe, comme le titre du film l’indique, durant un « Dog day afternoon », un de ces jours du mois d’août caniculaire aux États-Unis.
Trois bras cassés rentrent dans une banque avant la fermeture, leurs intentions : prendre l’argent et s’en aller très vite. Mais tout ne se passe pas comme prévu : ils ont été mal renseignés, l’argent a été transféré en début de journée, un des trois panique et part de la banque en s’excusant… Constatant l’absence d’argent, les deux autres veulent partir, mais trop tard, la police a été alertée.
Ce hold-up bien singulier est vraiment navrant : on voit que ce braquage est le premier coup des deux hommes, nommés Sonny (Al Pacino) et Sal (John Cazale). Même la responsable des caisses se moque d’eux.
Ce film a divers aspects : social, humain et surtout ordinaire. En effet, le réalisateur se contente de la simplicité et de ne jamais dépasser cet ordinaire : la réalité suffit, il reste fidèle à la réelle histoire.
Toute l’histoire est concentrée sur Sonny : c’est lui qui a eu l’idée de ce braquage, seulement personne ne comprend pourquoi… Jusqu’au moment où Léon, son mari débarque de l’hôpital et la police apprend (ainsi que toute la presse mobilisée) que Sonny voulait de l’argent pour payer l’opération du changement de sexe de Léon.
On voit donc personnage ordinaire, maladroit, mais apprécié (les employés de la banque vont éprouver de la sympathie pour lui, et même le défendre), peu sûr de lui, avec une belle gueule, en gros sympathique. Sa vie est exposée au grand public et ce, malgré lui. Même la foule agglutinée dehors le soutient, Sonny devient un héros, un mythe moderne car il incarne à lui seul le porte-parole des problèmes sociaux des États-Unis d’Amérique.
Car c’est là que l’aspect social du film intervient. Effectivement, Sonny aborde lui tout seul toutes les failles de la société américaine.
Tout d’abord, lors de ces apparitions en dehors de la banque, avec la police où cette grande gueule se moque de la police et hurle à tue-tête « ATTICA ! ». Pourquoi « Attica » ? Parce qu’à l’époque, la prison d’Attica connut une mutinerie : celle de prisonniers noirs, qui suite à la mort d’un activiste lors d’une tentative d’évasion se retournèrent contre les gardiens et révélèrent la violence, le racisme des gardiens et les conditions de détention générales au sein de la prison.
De plus, Sonny est désormais ouvertement homosexuel : la communauté gay le soutient, et à cette époque, l’homosexualité est un véritable tabou, se révéler homosexuel est plutôt mal perçu.
D’autre part, le film aborde la « stupidité » des forces de police : deux bras cassés s’en prennent à une banque, ils sont inoffensifs, mais la police débarque avec des centaines d’hommes, des tireurs d’élite et compagnie.
Enfin, l’impact des médias est également évoqué : Sonny, qui n’a rien demandé à personne a certes, voulu braquer une banque, mais sa vie est exposée au grand jour à la télévision. Ils stigmatisent les déviances de Sonny et sont donc le reflet d’une bêtise crasse.
Sonny devient donc une véritable icône : il a son quart d’heure de gloire. Il exprime tous les problèmes de la jeunesse, de la société américaine de l’époque.
Ce film réalisme est porté en toute évidence par un Al Pacino plus humain et ordinaire que jamais. Il n’interprète pas Sonny, il est Sonny. Il est humain, ressent les émotions que Sonny ressent. L’absence de musique (sauf au début) contribue également à cette part de réalisme : la volonté est de faire passer un message humain, ordinaire et social. Qui dit humain, dit émotions. Et toutes les émotions sont réunies, et le spectateur y prend part. Que ce soit la panique lors de l’arrestation, la pitié que les employés/otages ressentent pour les deux maladroits et même la tension de Sal, qui ne dit presque rien mais qui est effrayant. On ressent même l’écrasement, la chaleur provoqués par ce jour de canicule, ce « dog day ».
En conclusion : un film social, dépeignant avec réalité les problèmes de la société américaine des années 70 et décrivant un personnage complexe mais humain. Une composition magistrale d’Al Pacino. Un réalisme extrêmement bien réussi, grâce à Sidney Lumet.