Une note à peine moyenne pour Nicole Garcia. Des critiques plutôt sévères, sur les soi disant clichés et manichéisme du film. Et pourtant, ce film tout en délicatesse a de quoi plaire. Certes, l'opposition de classes est assez systématique, mais assez égalitaire au final : le film est coupé littéralement en deux : une première moitié consacrée aux "prolétaires", suivie d'une incursion chez les "bourgeois" dans la deuxième moitié.
Mais le ton utilisé par Nicole Garcia est juste, et ce qui est souvent jugé comme étant un manque de parti pris par les critiques correspond davantage à un respect de ces deux mondes, sans jugement de valeur. A la base, du travail des 2 côtés, et un amour du travail, que ce soit chez la saisonnière des plages (Louise Bourgoin) , l'instituteur Rased (Pierre Rochefort, donc) ou chez les traders et autres industriels de l'autre côté de la barrière...Pas de manichéisme, ce n'est ni glorieux ni honteux d'être riche/pauvre, le souci de Baptiste est autre. Un mal être intrinsèque, un sentiment de ne pas être à la bonne place, et une blessure familiale à la Festen qui est peut être liée effectivement à la nature même de sa famille.
Pierre Rochefort est traité de hareng saur par certains critiques, pour son jeu assez atone . C'est très injuste, car il arrive avec très peu d'effets à faire passer toute une palette de sentiments, aidé en cela par une mise en scène très bienveillante de sa mère, Nicole Garcia, qui le met en lumière d'une très belle façon.
Louise Bourgoin est très belle et juste magnifique, tantôt dans une gouaille de cagole comme elle sait si bien le faire ( cf la Fille de Monaco de Anne Fontaine), tantôt dans une gravité à laquelle l'ex Miss Météo ne nous a pas habitués...
Enfin, Dominique Sanda, l'inoubliable femme douce de Robert Bresson, prête avec beaucoup de justesse sa classe folle à cette femme, qui a du laisser la mère s'effacer derrière la chef de famille, la pierre angulaire d'un système.
Un très beau film à voir donc, ne serait ce que pour ces premiers plans très percutants, très différents du cinéma habituel de NG, et dont le sens n'est compréhensible qu'à la fin du métrage.