C'est pas tous les jours dimanche
Film plein de dualités, Un Beau Dimanche partage. Climat gracieux et prémices prometteurs ; le film déçoit par une progression lente et une deuxième partie plus pénible et hasardeuse que la première. Un ensemble d'éléments qui sert une histoire à laquelle on pourrait croire mais qui abuse des poncifs et ainsi dessert la narration.
Le premier plan : annonce d'un film nerveux et rythmé, si bien qu'on met un temps à comprendre le pourquoi de cette scène. Ce premier plan est chargé de symboles sociaux et politiques qui ne seront pas exploités dans le film, car de toute façon, ce n'est pas le sujet. Le sujet est d'ailleurs vite résumé : Baptiste, instit nomade, accueille, pour un week-end, un gamin délaissé par son père et entreprend de l'emmener voir sa mère Sandra, serveuse sur la plage. La première demie-heure, offre l'avantage de faire un peu rêvasser et de transmettre cette atmosphère si particulière de l'été. C'est léger, bien que la détresse latente des personnages soit perceptible. Ça se regarde et ça induit une narration qui se veut ambitieuse.
Le problème c'est cette ambition que Nicole Garcia nous transmet dans sa première partie, qui retombe comme un soufflet alors que le récit progresse. Dans la seconde partie, le film se détourne de la passion naissante entre Sandra et Baptiste, pour mettre en lumière le microcosme familial et ses tabous. La peinture qui est faite de cette famille bourgeoise, la famille de Baptiste, est particulièrement caricaturale et détestable. Description qui accentue un peu plus le manichéisme du récit, famille bourgeoise vs mère célibataire prolétaire. Le film verse dans le discours éculé des riches méchants contre les pauvres gentils et méritants. C'est lourd.
Ce qui va sauver un peu le film de sa lourdeur justement, c'est le jeu et l'interprétation authentique de Bourgoin, dans la lignée d'un "Tirez la langue, mademoiselle", où elle surprenait déjà par son charisme et sa gravité. Elle porte le film par sa fraîcheur et c'est quand Nicole Garcia décide de fixer le cadre sur son fils Pierre Rochefort dans la seconde partie que l'on commence à trouver le temps long. Autre élément porteur du film, la chaleur des espaces. Le choix de la saison, estivale, propice au récit, la région, le sud-ouest, la lumière, chaleureuse et bienveillante. Cette lumière d'été homogénéise le temps et lisse le montage, parfois abrupt.
L'espace au service du récit, tel peut être le parti pris choisi par Garcia. Le mérite de la réalisatrice est également celui de nous faire oublier le temps, après rapide retour sur la chronologie, le film ne s'étend que sur trois jours, tandis qu'il nous paraît traverser une tranche de vie conséquente des personnages. Finalement un film en diptyque qui divise, de prime abord ambitieux, la grâce et la douceur de l'esthétique ne suffisent pas à compenser un fond qui s'avère creux.