J'aurais donc vu la troisième aventure d'Harry Palmer avant la seconde, mais qu'importe, d'autant que celle-ci est peut-être la meilleure. On a beau dire qu' « Un cerveau d'un milliard de dollars » n'est pas le plus personnel des films de Ken Russell, difficile pourtant de nier l'influence de ce dernier concernant le scénario et les dialogues. Car l'ami Ken pousse encore plus loin l'ironie caractérisant la saga, sans parler d'un récit devenant au fil des minutes complètement dingue pour aboutir à un final surréaliste et plutôt réjouissant. Si on considère d'ailleurs souvent Palmer comme l'anti-James Bond, nul doute que ce volet est celui qui se rapproche le plus des péripéties de l'agent 007, ce qui n'est pas pour me déplaire.
Après, je n'ai pas non ressenti le grand frisson qu'un tel projet aurait pu offrir, la faute peut-être à une histoire n'allant pas au bout de sa démarche « dingo », ou encore à des seconds rôles que l'on aurait aimé encore plus présents. Cela dit, la seule présence de Françoise Dorléac dans son dernier rôle (quel malheur) suffit à nous mettre en émoi à travers un personnage finalement bien plus subtil qu'au premier abord, le tout avec une beauté, un charme, une sensualité à vous faire tomber à la renverse (oui, même quand vous êtes dans votre canapé). Bref, si le spectacle n'est pas aussi brillant qu'espéré, il reste suffisamment savoureux, cynique et surprenant pour s'y aventurer : appréciable.