Un spectateur dans le blizzard

Qu'est-ce que j'ai bien pu trouver à Sautet?
Je les revois les uns derrière les autres et l'incompréhension grandit. Des premiers films à la Max et les Camionneurs à ceux de cette période du début des années 90, que j'ai vus et aimés à leur sortie en salle, rien ne me parle plus. Quelques bons passages tout au plus mais vraiment pas de quoi se relever la nuit, au contraire.
Celui-ci, Un Coeur en Hiver, me donne une petit envie de me pendre avec les cordes du violon de Béart.
Là où je voyais hier de la subtilité, de l'élégance, je ne vois aujourd'hui plus que des films languissants, aux dialogues involontairement comiques. Les acteurs introvertis neurasthéniques (période Auteuil) ont succédé aux hâbleurs grande gueule façon tonton R16 des années 70 (période Montand ou Piccoli).
Ici, c'est l'apothéose d'un triangle amoureux bourgeois rehaussé de Grande Musique (Ravel en long en large et en travers). Ca travaille dans un atelier de lutherie haut de gamme, ça joue au squash et ça parle de mi assez terne qui manque de brillant mais on n'y croit pas une seconde.
C'est pas Antonioni mais on n'est pas non plus dans la communication fluide et les personnages rendent tout ce qu'ils touchent chiants comme un jour de neige fondue.
Juste près avoir incarné un héritier dépressif qui s'anime et s'encanaille au contact d'une sympathique prolétaire (un genre de Pretty Woman sans le sexe tarifé) dans Quelques Jours Avec Toi, Auteuil "joue" sans forcer l'ami fidèle, l'amoureux transi et inexpressif à qui l'on a envie de foutre son pied au cul histoire de vérifier s'il bouge encore.
Ok, il y a Emmanuelle Béart mais cela suffit-il à ne pas s'endormir, bercé par des dialogues à peine plus animés que les commentaires d'un documentaire animalier? Non.
Les personnages suivent leur caractérisation (sommaire) sans aucune surprise.
Sautet le peintre subtil des sentiments me donne plutôt ici l'impression de faire dans le crépi.