Après la littérature, avec Citoyen d'honneur, au tour du monde de l'art, dans Un coup de maître, de subir la verve caustique de l'argentin Gaston Duprat, dont le frère a écrit le scénario. Un film réjouissant qui a le mérite de dire tout ce que les profanes tendent à penser de ce microcosme où les visées commerciales, au fil des modes qui passent, semblent plus importantes que le talent. Un coup de maître pousse le cynisme un peu moins loin que dans le film précédent de Duprat dans le sens où le ton est aussi donné par une histoire d'amitié un peu agitée, mais très burlesque, entre un galeriste et un peintre. Un attelage qui fait merveille entre un matois et un misanthrope, le second étant haut en couleurs et particulièrement vert pour son âge. Intégralement conçu comme un long flashback, le film a la ruse de nous tenir en haleine avec la voix off d'un des deux protagonistes qui confie d'emblée en voix off qu'il est un assassin. Il faut bien cela car d'un autre côté la mise en scène, bien que meilleure que dans Citoyen d'honneur, est relativement poussive, ce qui évitera toute comparaison avec le très brillant The Square. L(art de l'imposture, précisément au détriment de l'univers artistique est en tout cas illustré avec vivacité par deux formidables interprètes : Guillermo Francella et Luis Brandoni. Peut-être pas un coup de maître ni un coup de foudre mais assurément un film qui vaut le coup pour son côté satirique.