Un peintre à la gloire déclinante avec une gouaille à la Jean-Pierre Mocky, son meilleur ami galeriste dont la bienveillance à son égard laisse souvent place à l’agacement, dans une sorte de buddy movie satirique sur le monde de l'art à mi-chemin entre l'Arnaque de George Roy Hill et The Square. On retrouve ici plus ou moins ce qui a fait la réussite de Un citoyen d'honneur, le précédent film de Gaston Duprat : le sujet déjà, un regard ironique sur le rapport entre l'Art, la posture de l'artiste et la cruelle médiocrité du monde réel; les répliques assassines et digressions loufoques qui mériteraient qu'on sorte un carnet et un stylo en pleine salle de cinéma et le scénario qui, malgré son côté un peu directif, laisse entièrement leur place aux acteurs (excellents) qui sont subtilement accompagnés d'une mise en scène qui met habilement en valeur le burlesque des situations savoureuses, nombreuses dans le film.
On pourra passer outre le côté archétypal de quasiment tous les personnages parce que franchement on se marre bien, mais on regrettera quand même que le cynisme qui prévaut tout le long laisse place à une complaisance assez maladroite à la fin, peut-être à cause de la volonté des auteurs de ne pas enfoncer le clou et on se demande bien pourquoi ... En tout cas, même si on est pas tout à fait au niveau de Un citoyen d'honneur ou Les nouveaux sauvages, la comédie argentine prouve une nouvelle fois qu'elle est peut-être en train de remplir le grand vide laissé par la comédie italienne, avec une lucidité et une méchanceté auxquelles on n'est plus habitués.