Il y a 5 ans, après la littérature, avec Citoyen d'honneur, c'était au tour du monde de l'art, dans Un coup de maître, de subir la verve caustique de l'Argentin Gaston Duprat, dont le frère avait écrit le scénario. Un film réjouissant qui avait le mérite de dire tout haut ce que les profanes tendent à penser de ce microcosme où les visées commerciales, au fil des modes qui passent, semblent plus importantes que le talent. Était-il utile de réaliser un remake français dans un délai aussi court, au risque d'affadir la trame ? Rémi Bezançon l'a fait et le résultat est, disons, sympathique, surtout dans sa deuxième partie, plus franchement drôle que la première, qui ne fait qu'enfiler un certain nombre de poncifs sur l'art contemporain, sans bien entendu la moitié du quart de l'inventivité et du sens de la provocation de The Square. La mise en scène du film est propre mais fade et le décollage du scénario n'a véritablement lieu qu'à partir du twist qu'attendaient ceux qui avaient vu l'original. A vrai dire, Un coup de maître n'est jamais meilleur que quand il célèbre l'amitié des deux protagonistes principaux, le peintre et le galeriste, les autres personnages étant réduits à la portion congrue. L'alchimie entre Bouli Lanners et Vincent Macaigne fonctionne parfaitement, d'autant plus quand ces deux lascars sont plongés dans les situations les plus absurdes.