Quelques dizaines d'années après son magnifique «Un dimanche comme les autres» John Schlesinger («Marathon Man»), se penche une nouvelle fois sur l'homosexualité.
«Un couple presque parfait» débute comme une comédie romantique sans prétention. Abbie (Madonna) rêve d'avoir un enfant avec un homme qu'elle aimerait, mais comme elle vient de quitter son dernier amant en date... Elle se réconforte auprès de son meilleur ami, Robert (Rupert Everett), un homosexuel qui collectionne les aventures. Le soir du 4 juillet, attristé par le récent décès d'un ami commun et joliment avinés ils commettent l'irréparable. Abbie tombe en ceinte et ils décident de garder et d'élever leur fils ensemble. Tout se passe bien jusqu'au jour où Abbie croise le regard d'un homme dont elle tombe éperdument amoureuse. Elle le suit à l'autre bout des Etats-Unis avec son fils. Robert réagit en faisant appel à la justice.
De la gentille comédie charmante, on passe au drame social, sans pour autant sombrer dans la mièvrerie. Etonnamment le film de John Schlesinger séduit malgré une suite de clichés à la limite du supportable (Abbie est prof de yoga, on baigne dans un univers bourgeois où l'argent n'est pas un problème, etc.) car il relate des situations vraisemblables et ne prend aucun parti. Il fait le constat d'une situation peu banale en se basant sur les us et coutumes d'une société chrétienne encore très frileuse à tout ce qui touche à l'homosexualité, comme le prouve l'actuelle gay pride romaine.
«Un couple presque parfait» fonctionne surtout sur le duo d'acteurs. Comme d'habitude, Rupert Everett est d'une justesse exemplaire. Il parvient à transformer le cynisme de son personnage en une douloureuse détresse. Madonna, elle, ne nous convainc pas vraiment au début, puis, grâce à une rigidité glaciale, elle compose une Abbie froide et déterminée qu'on ne peut haïr car elle est dans son droit le plus stricte.
On éprouve tout de même de la compassion pour Robert qui ne peut faire valoir son opinion. C'est là toute la force de ce film qui ne dénonce aucune injustice, mais montre combien la vie peut être vicieuse.