Dans 𝐴 𝐶𝑟𝑦 𝑖𝑛 𝑡ℎ𝑒 𝐷𝑎𝑟𝑘, Fred Schepisi nous plonge au cœur d'une tragédie moderne où la justice se laisse submerger par une société assoiffée de réponses simples et de coupables immédiats. À travers le destin brisé de Lindy Chamberlain, accusée à tort du meurtre de son enfant, le film explore la mécanique implacable d'un tribunal médiatique et populaire, plus influent que les preuves elles-mêmes. Meryl Streep, dans une interprétation remarquable, incarne une femme jugée non pour ses actes mais pour son apparente froideur, son mutisme émotionnel face à une société qui exige des larmes pour croire en son innocence.
Schepisi adopte un dispositif presque clinique, une narration méthodique qui démonte pièce par pièce les accusations portées contre Lindy, tout en plaçant la pression de l'opinion publique au centre du drame. Le film devient une radiographie sociale où l'illusion d'une justice rationnelle se désintègre sous le poids des rumeurs et des préjugés. Le montage, tissé de scènes où l'Australie des années 80 débat de la culpabilité de Lindy dans les salons et autour des dîners, agit comme une masse se répondant, traduisant l'aveuglement collectif face à une vérité qui échappe. Le peuple devient juge, et la cour officielle ne fait que suivre son sillage.
Mais dans 𝐴 𝐶𝑟𝑦 𝑖𝑛 𝑡ℎ𝑒 𝐷𝑎𝑟𝑘 ce n'est pas seulement le portrait d'une femme brisée par la justice, mais une mise en abyme du processus judiciaire lui-même, incapable de résister aux passions humaines. La prestation de Streep, jouant une femme perçue comme insensible et étrangère, révèle la complexité d'un personnage qui refuse de se conformer aux attentes émotionnelles du public. Cette posture, restituée avec finesse par l'actrice, accentue le tragique du film : la vérité ne suffit plus à se défendre quand le paraître devient la seule monnaie d'échange légitime dans la sphère publique.
Fred Schepisi signe un film sur la faillite d'une justice manipulée par les apparences et les projections sociales. Derrière le récit judiciaire, 𝐴 𝐶𝑟𝑦 𝑖𝑛 𝑡ℎ𝑒 𝐷𝑎𝑟𝑘 révèle une critique acerbe d'une société consumée par ses propres jugements, où la justice devient spectacle.