Dans Un crime au paradis, Becker n'oppose cette fois-ci pas la ville et la campagne mais deux personnages, deux paysans : Jojo à la figure ronde et débonnaire incarné par Jacques Villeret qui avait typiquement le physique de l'emploi et sa femme Lulu. Alors, elle, c'est un cas. Et un cas intéressant. Dire que c'est une mégère serait encore trop faible quand on voit ce qu'elle s'apprête à faire avant sa mort accidentelle. Mais j'ai (un peu) de compassion pour elle qui ne semble jamais s'être remis de la mort de sa sœur jumelle quand elle était enfant. Ce sont donc deux personnalités complexes qui ont le côté bourru mais humain de ceux qui habitent à la campagne. Et ça, Becker a toujours su très bien le retranscrire.
La deuxième partie chez l'avocat et au tribunal m'a moins intéressé. Le film est moins méchant. Becker tente d'y ajouter un peu de tendresse et d'humour à travers le personnage du procureur, et des magouilles de l'avocat. Tous deux éberlués par le mode de vie campagnard de ces pécores venu soutenir leur copain.
Balasko y trouve un de ces pires rôles. Ceux qui sont capables de vous jouer des tours dans la vraie vie. Quant à Villeret, là aussi, doit-on le plaindre ou le tenir comme responsable de la mort de sa femme ? Pas facile, je dois dire. Comme souvent chez Becker, on rit, on est ému et on s'interroge sur ces personnages qui sont tout et leur contraire à la fois.