Pour son deuxième passage derrière la caméra, après son premier film "Sweet Valentine", (et ayant remporté entre-temps le César 2015 du meilleur court-métrage pour "La femme de Rio"), Emma Luchini adapte le roman de son ancien compagnon Nicolas Rey, "Un début prometteur".
Le héros incarné par Manu Payet est un écrivain blasé et alcoolique, de retour dans la maison familiale après une énième cure de désintox' infructueuse. Il y retrouve son père veuf et assez déprimé, ainsi que son jeune frère de 17 ans. L'atmosphère n'est donc pas très gaie, jusqu'à ce que ce dernier flashe littéralement sur une jolie trentenaire à cours d'argent, et parvienne ainsi à l'aborder puis à se lier d'amitié.
La demoiselle va faire une entrée fracassante dans la vie de ce trio masculin...
De toute évidence, "Un début prometteur" n'est pas un grand film : il ne se passe pas grand chose durant cette petite heure et demie, et les allergiques au cinéma français tendance bobo trouveront probablement cette histoire vaine et superficielle.
D'ailleurs cela n'est sans doute pas complètement faux, mais cette nouvelle variation sur le thème du trio amoureux est racontée avec suffisamment de fraîcheur et de légèreté pour m'inciter à l'indulgence, et profiter de ce feel good movie à la française sans arrière-pensée.
"Un début prometteur" est clairement un film de comédiens, et repose sur l'alchimie entre les membres de son quatuor central.
On appréciera en premier lieu la prestation convaincante de la belge Veerle Baetens ("Alabama Monroe"), pierre angulaire du récit, loin d'être une bombe atomique mais qui parvient à apparaître fraîche et sexy.
Le jeune Zacharie Chasseriaud est la petite révélation du film : j'avais aperçu sa tête à claque de beau gosse à bouclettes dans l'un ou l'autre téléfilm, et incontestablement il a mûri, proposant un jeu globalement très honorable.
Je suis un brin moins emballé par Manu Payet, que j'apprécie, mais qui n'est visiblement pas dans son élément de prédilection ; qu'importe, le comédien s'en sort au charisme et au talent...
Quant à Fabrice Luchini, être dirigé par sa propre fille ne semble pas le perturber, toujours aussi juste et élégant en vieil horticulteur bougon et humain, dans un rôle sur mesure il est vrai.
Voilà, on pourra regretter quelques maladresses, ergoter sur la mise en scène sans éclat, ou trouver que les personnages évoluent finalement assez peu au cours de l'histoire, mais Emma Luchini nous propose une jolie tranche de vie et un bon petit moment de cinéma.