Un divan à Tunis est une belle surprise ! Loin des clichés actuels sur le monde arabo-musulman, souvent réduits au terrorisme et à l'islamisme, ce premier long-métrage de Manele Labidi étonne par sa tendresse pudique entremêlée d'humour. L'arrivée d'une psychiatre, une femme libre et émancipée de Paris, dans un pays où l'introspection ne fait pas partie des moeurs engendre un engouement de la parole incontrôlé, vif et drôle. Golshifteh Farahani, par son écoute et son affirmation (elle n'est pas mariée ni voilée), apporte une vraie profondeur à ce personnage qui vient percer l'abcès d'un silence devenu anodin. Face à elle, les langues se délient et les personnalités s'affirment, créant alors des dialogues savoureux, empreints de spontanéité et dénués de mauvaises ondes. Les personnages secondaires, se suivant sans se ressembler, sont touchants et visent toujours justes dans leurs singularités. Et malgré cette différence de culture, on ne manque pas de se reconnaitre et d'admirer la force de cette comédie qui ose mettre à plat les tensions par ses situations cocasses. C'est sans doute là que le film parvient le plus ! Cette satire, pleine de poésie et d'humanité, dépeint les dysfonctionnements d'une société tunisienne en pleine évolution. Un divan à Tunis fait donc du bien, à la façon d'une ode à la liberté utopique mais possible, et interroge notre rapport à l'affirmation de soi et au poids des mots (maux).