Un endroit comme un autre peut aisément concourir au titre de film le plus triste de l'année. La dernière scène, en particulier, très symbolique, tirerait des larmes au plus cynique et insensible des êtres humains. Il n'y a pas de déshonneur à tourner un mélodrame, il y en a de sublimes dans l'histoire du cinéma, mais la lecture du synopsis, qui révèle presque tout, a de quoi effrayer avec ce jeune père célibataire, en phase terminale, qui n'a de cesse de trouver un foyer à son fils de 4 ans, avant sa disparition prochaine. Un thème très lourd qui cumule par ailleurs deux éléments susceptibles de prendre émotionnellement en otage le spectateur effondré : d'abord la mention "d'après une histoire vraie" et ensuite la présence d'un très jeune enfant, bien évidemment innocent et incapable de comprendre les enjeux du drame qui se joue. Uberto Pasolini, venu sur le tard à la réalisation, a de nouveau choisi un thème lié à la mort après son étrange et passionnant Une belle fin et il a manifestement le recul et la pudeur nécessaires pour ne pas traiter le récit de ce père pas comme un autre sans trop de pathos mais plutôt par petites touches, en insistant surtout sur le quotidien de la relation père/fils. L'aspect social n'est pas oublié non plus, avec la localisation du film en Irlande du Nord et une acuité du regard qui rappelle Ken Loach. Moyennant quoi, avec une interprétation tout en sobriété de James Norton et du petit Daniel Lamont, les larmes versées (impossible de les éviter) n'auront rien de honteux.