Une très bonne satire sociale qui a bercé mon enfance, qui fait passer avec beaucoup d'humour toute la dureté des propos tenus sur la misère humaine (vraiment éloquents), qu'on comprenait même sans avoir lu Bourdieu. John Landis signe un excellent L'Anthropologie pour les Nuls (ou les enfants, au choix) dont on ne se lasse pas. On n'aura aussi jamais été étonné par la nudité de Jamie Lee Curtis (le seul film dans lequel elle dévoile sa poitrine, sans rien de vulgaire ni de tape-à-l’œil donc en rien choquant), étant même une scène nécessaire qui dévoile toute la fragilité de sa condition (elle campe une prostituée très attachante). Comme quoi il est possible de faire des scènes dénudées sans être vulgaires, il s'agit seulement d'avoir le bon goût et le talent de Un fauteuil pour deux. Les acteurs sont absolument brillants (merveilleux trio de personnages que forment Dan Aykroyd, Eddie Murphy et Jamie Lee Curtis, sans oublier le drôlatique Coleman, serviteur usé aux caprices nobliaux de son patron). Le jeu de dupes entre pauvre devenu riche et bien-né devenu sans le sou est hilarant et criant de vérité (Bourdieu n'aura pas dit mieux depuis...), on perçoit également le système de la Bourse (avant qu'elle ne soit totalement dématérialisée comme aujourd'hui, bien entendu) et son milieu complexe et surexcité. Les situations cultes s'enchaînent à un rythme effréné : un Dan Aykroyd déguisé en Père Noël alcoolique et dépravé (qui cache un pavé de saumon dans sa barbe pour le manger dans le bus !), un Eddie Murphy qui découvre les joies de la richesse (explique que les jacuzzi de sa jeunesse étaient faits de flatulences, ou s'excuse d'avoir brisé son propre vase...), et une Jamie Lee Curtis ô combien émouvante dans son statut de prostituée (on voit l'envers du décor avec un pincement au cœur). Le final est jouissif, on termine heureux et hilares de ce merveilleux moment qui nous enseigne même quelques principes de sociologie, tout en s'amusant énormément. On achète, on achète, on achète...!!!