Très mal connu en France mais apprécié par ceux l'ayant découvert, « Un faux mouvement » n'est pas un film facile à critiquer. Il paraît à la fois très simple et assez complexe, certains éléments s'avérant assez inhérents aux polars classiques, d'autres nettement moins. Il y a un bon équilibre entre forces de l'ordre et criminels à l'écran, sans jamais être manichéen ou simpliste dans la manière de retracer les deux récits. Le scénario est globalement très réaliste, ce qui lui donne un côté parfois très sec : pas de lyrisme, pas de grands discours sur le Bien et le Mal, pas de personnages héroïques venant sauver la nation.
D'ailleurs, c'est sans doute cet aspect qui m'empêche d'être réellement enthousiaste, car pour le reste, la réalisation de Carl Franklin ne cède à aucune facilité, filmant au plus près des protagonistes intéressants, souvent complexes, faisant de cette opposition quelque chose de presque crépusculaire, mais finalement assez sensible, à l'image du lien unissant
Dale et Lila, rendant le dénouement d'autant plus brutal : ni rédemption, ni « derniers mots » poignants, juste une fusillade dont personne ne sortira indemne, la mort de cette même Lila faisant même froid dans le dos par son réalisme glaçant.
Solide interprétation, notamment du regretté Bill Paxton, bien entouré par des seconds de qualité, notamment Billy Bob Thornton que l'on a toutefois connu plus marquant. Bref, un thriller pas comme les autres justement parce qu'il ne cède pas aux codes habituels tout en restant dans une logique de polar très classique, les artifices en moins : ce n'est pas forcément l'approche que je préfère, cela n'empêche pas de découvrir avec intérêt cette « course-poursuite » presque sociale, portrait amer d'une Amérique urbaine méprisante vis-à-vis de sa campagne : une œuvre de qualité.