Dernier film de Jean-Pierre Melville, Un Flic met en avant la façon dont le commissaire Coleman, basé sur Paris, va se retrouver à enquêter sur un gang qui a notamment attaqué une banque en Vendée et donc il en connaît l'un des membres.
Alors que Melville m'avait subjugué avec des oeuvres comme Le Samouraï, Bob le Flambeur ou Le Doulos, je dois avouer que je suis plutôt déçu pour cette dernière. Tout commence pourtant très bien avec la première scène où, sous la pluie et sans dialogue, on assiste à un braquage parfaitement bien ficelé par Melville qui met en avant des bandits sobres et en imper puis on passe à la boîte de nuit parisienne. Début aussi froid qu'inquiétant et qui donne le ton d'un Melville qui va surtout s'attarder sur les gangsters, tout en prenant son temps.
L'idée de base est bonne mais malheureusement l'atmosphère faiblit peu à peu et le film en devient trop long pour un scénario qui ne tient pas la route, du moins pour une oeuvre perdant son ambiance. Melville peine à vraiment m'intéresser aux personnages et enjeux une fois la première demi-heure passée où il oppose un flic froid et brutal dont on ne sait que très peu de choses face aux gangsters. La tension n'est pas présente dans les moments adéquats tandis qu'il s'attarde bien trop longtemps sur des points semblant peu intéressants pour bâcler une fin un peu trop prévisible.
La séquence du train est d'ailleurs un peu symptomatique des problèmes du film. Trop longue, maladroite, un peu brouillon, des trucages franchement risibles et un montage qui laisse à désirer. Tout le long du film, ou presque, Melville se montre très maladroit (et c'est inhabituel) derrière la caméra. C'est vraiment dommage car l'oeuvre ne manque pas d'idées, notamment dans l'ambiance froide, la vision désenchantée (et sublimée par une très bonne musique) ou dans l'opposition flics/gangsters. Je me suis aussi demandé à quoi pouvait bien servir Deneuve... et niveau acteur Richard Crenna sort du lot mais l'ensemble reste aussi mal dirigé, notamment Alain Delon, pourtant si bon dans ses autres rôles chez Melville.
C'est sur une déception que Melville clôt sa formidable carrière (et que je termine sa filmographie), lui qui décèdera peu de temps après la sortie (et échec) d'Un Flic, d'une attaque cérébrale. Une oeuvre décevante où il se montre bizarrement très maladroit mais de son immense filmographie je retiendrai surtout des oeuvres comme Léon Morin, prêtre, Bob le Flambeur, Le Samouraï, Le Deuxième Souffle ou autres L'armée des ombres.
Tout Melville : http://www.senscritique.com/liste/Jean_Pierre_Melville_resistance_samourai_et_film_noir/447479