Deux gars, une fille : il n'en faut pas plus pour qu'Un hiver à Yanji reçoive l'étiquette de "Jules et Jim de la nouvelle génération chinoise." La comparaison n'est pas incongrue mais un peu sommaire, quand même. Le nouveau film du Singapourien Anthony Chen, lauréat de la Caméra d'or cannoise en 2013 et notamment auteur du splendide Wet Season, est d'abord celui d'un étranger qui filme en Chine, de même que ses jeunes héros sont des "outsiders" à la ville de Yanji, au nord de la Chine, chacun d'entre eux à la recherche d'une certaine forme d'identité. Qu'ils trouveront peut-être dans les superbes paysages enneigés des environs et à la suite d'une rencontre inattendue, comme un recours en glace. Le film est sur un fil, avec une intrigue réduite à peu mais dont la tonalité mélancolique et le charme de ses interprètes pallient largement l'éventuel manque de substance. Tant mieux si l'on ne sait que peu de choses de la vie passée des protagonistes, leur triangle amical, au gré de nuits alcoolisées et de virées en moto en ville ou dans la nature, leur donne la sensation d'exister et de ne pas s'abandonner à une existence programmée. Cet espoir qui palpite, sans mots superflus pour le décrire, il nous parle directement au cœur et à l'âme, comme un champ étendu des possibles.