Le titre de ma petite chronique me semble être celui qui traduit le mieux The breaking ice, le titre anglais donné par le réalisateur singapourien Anthony Chen. La glace que l'on découpe en gros blocs au début du film, situe le récit dans une saison et un lieu particulier, le nord-est de la Chine, à proximité immédiate de la frontière, où cohabitent des populations de culture coréenne C'est aussi la métaphore d'un processus lent, temporaire, donc inabouti, pur produit du hasard, auquel on assiste.
Nana, guide touristique, qui vit par intermittence avec Xiao, fait la connaissance de Haofeng, un passager (très réservé) de son bus, lequel est venu à Yanji, depuis Shanghai où il travaille, invité au mariage d'un de ses amis. Les relations entre les membres de cet improbable et mystérieux trio semblent s'entrecroiser, mais pas complètement.
Saura-t-on qui sont ces trois jeunes adultes, qui aiment la fête, n'hésitant pas à aller jusqu'à l'ivresse, déjà désabusés, deux d'entre eux probablement suicidaires, et ce qui anime leur existence ?
Les jeux de la séduction et du possible désamour sont montrés avec délicatesse et pudeur, dans un style que je qualifierais de feutré, tout en demi-teinte. De là le charme assez envoûtant d'un film qui opère grâce à la très sobre et élégante qualité de la photographie (nombreux et superbes plans serrés sur les visages).
L'atmosphère un peu floue, reprochée au film par quelques critiques, ne m'a pas gêné, bien au contraire. Chacun pourra aussi y trouver matière à réflexions, au-delà des éternelles questions sur les attirances et l'incommunicabilité, sur ce qui se transforme dans ce petit morceau mal connu de la Chine.