Habitué aux films de gangsters punchy et burlesques, Guy Ritchie répète l’exercice sur un ton plus sérieux qu’à l’accoutumé. Le résultat est film d’action noir et carré plutôt réussi.
Un homme en colère est le remake du film français Le convoyeur sorti en 2004. Il n’en est pas pour autant dénué d’intérêt, car le réalisateur n’en reprend que vaguement la trame pour la transposer dans un univers de gangsters à Los Angeles, imprégné par une toute autre tonalité. On y suit H (Jason Statham), employé a priori moyen qui débute dans une entreprise spécialisée dans le transport de fonds. Pourtant, lorsque son convoi se fait braquer, H révèle des compétences surprenantes.
Comme très souvent dans les films de Guy Ritchie, on a affaire a des truands que si tirent dans les pattes. Il y a de l’action, des fusillades et de la violence. Il y retrouve également le granitique (les mauvaises langues diraient « constipé ») Jason Statham, avec qui il avait déjà collaboré sur Arnaque, crimes et botaniques, Snatch et Revolver. La nouveauté c’est qu’ici le réalisateur laisse de côté sa touche comico-tarantinesque (et la ville de Londres) pour adopter un ton sombre, dramatique et très sérieux lorgnant du côté de Michael Mann et Martin Scorsese. Et ça marche ! La première partie est la plus réussie car les motivations des personnages restent encore mystérieuses et le film présente une mise en scène soignée, prenante et accompagnée par une bande-originale singulière. Puis les enjeux dramatiques se révèlent et s’avèrent être relativement classiques, voire un peu ridicules. Toutefois, le réalisateur transcende son intrigue basique, en multipliant les points de vue et en éclatant la narration. Ce qui n’aurait pu être qu’un artifice pour masquer la pauvreté de l’intrigue se révèle être une bonne idée car la multiplicité des regards apporte de la nuance aux archétypes, voire esquisse de déconstruction du rêve américain. En effet, ceux qu’on pensait être de vilains gangsters s’avèrent aussi être des pères de familles, des anciens vétérans ou des laissés pour compte. Un homme en colère évite ainsi le manichéisme qu’on retrouve dans les vigilante movies où très souvent, le protagoniste s’en va accomplir sa vengeance car la justice en est incapable. Ici, vengeance et violence se déploient dans un monde gris, à l’ombre des gratte-ciels de Los Angeles Downtown, là où la quête de richesse et argent facile est érigée en tant que valeur ultime. De là à voir que ce déferlement de fusillades et de morts soit le prix à payer pour la poursuite du bonheur, pourquoi pas ?