Toutes les tares de la grosse et graveleuse comédie française qui tâchent plus gras que gras réunies ici pour épouser ici l'épineux sujet du genre, au service d'un "message" qui se voudrait emancipateur et inclusif auprès d'une audience la plus élargie possible éloignée de ces préoccupations sociétales qu'elle juge très majoritairement ridicules, pour ne pas dire inutiles et contraires à la morale pour les plus radicaux.


L'intention est louable et dans ses (trop brefs) meilleurs moments elle réussit presque a instiller quelques éparses gouttelettes émotionnelles (une partie de la fin notamment, qui est sans doute la plus "intéressante"). A n'en pas douter Fabrice Luchini et plus encore Catherine Frot font preuve d'une réelle sincérité dans cet engagement qu'ils prennent de "démocratiser" un débat qui mérite tellement plus que les imbéciles invectives reçues à longueur de temps par les personnes concernées.


Est-ce cependant suffisant pour insuffler au film une complexité narrative suffisamment proche de ce que peuvent vivre ces dernières au quotidien? Je serais tenté de répondre par la négative, tellement les poncifs et les raccourcis usés jusqu'à la corde sont affligeants de bêtises et de démagogie. Pourtant je ne peux nier qu'il finit par se dégager deux ou trois situations qui donnent du grain à moudre à la réflexion. Puis ne serait-ce que voir et entendre un Luchini dont l'idéologie politique n'est plus un secret pour personne se fondre dans un personnage de réac contrarié par ses sentiments est un petit plaisir qui ne se boude pas.


Le résultat final reste d'une paresse intellectuelle assez dramatique et il n'est pas certain que cela puisse changer quelque opinion que ce soit, étant entendu que les convaincus prieront tous les dieux du ciel pour que ce calvaire cesse et que les réfractaires ne porteront pas plus les "taffioles" et autres "tapettes" dans leur cœur après qu'avant la projection. Heureusement les têtes d'affiche volontairement recrutées pour attirer le chaland pourront dans une moindre mesure permettre une petite avancée dans l'ouverture d'esprit nécessaire à tout changement de société. On se console comme on peut pour supporter ce genre de produit d'appel obéissant aux mièvreries de notre époque.

Critique lue 199 fois

3

D'autres avis sur Un homme heureux

Un homme heureux
EricDebarnot
4

Personne n'est parfait !

Même à une époque – la nôtre – où le cinéma n’a plus le rôle social, politique ou éducatif qu’il a pu avoir au XXème siècle, il convient de ne pas négliger le rôle des films populaires, et des...

le 19 févr. 2023

14 j'aime

Un homme heureux
ServalReturns
3

Eduquons nos boomers !

Rolala comment c’était nul… au secours. Je n’ai vu aucun des trois films précédents de Tristan Séguéla, mais le pitch de celui-ci et la présence de Luchini dans le rôle du politicien/mari réac me...

le 15 févr. 2023

8 j'aime

4

Un homme heureux
Noel_Astoc
4

Mauvais genre

La comédie de Tristan Séguéla déçoit car elle avait toute la matière nécessaire à un film vraiment drôle avec un bon sujet et d’excellents acteurs. Hélas, le réalisateur est pétrifié de respect pour...

le 17 févr. 2023

6 j'aime

Du même critique

Benedetta
Sabri_Collignon
4

Saint Paul miséricordieux

Verhoeven se voudrait insolent et grivois, il n'est au mieux que pathétique et périmé. Son mysticisme atteint des sommets de kitch dans une parabole pécheresse qui manque clairement de chaire (un...

le 13 juil. 2021

36 j'aime

Pas son genre
Sabri_Collignon
7

La Tristesse vient de la Solitude du Coeur!

Lucas Belvaux,réalisateur belge chevronné et engagé,est connu pour sa dénonciation farouche des inégalités sociales et sa propension à contester l'ordre établi.Ses chroniques dépeignent souvent des...

le 4 mai 2014

31 j'aime

14

Les Délices de Tokyo
Sabri_Collignon
8

Le Triomphe de la Modestie

Naomie Kawase est cette cinéaste japonaise déroutante qui déjoue volontairement depuis ses débuts la grammaire conventionnelle du 7ème art. Elle possède cet incroyable don d'injecter une matière...

le 11 août 2015

29 j'aime

5