C’est l’histoire d’une illusion. D’un mirage et de faux-semblants. C’est l’histoire d’un homme qui semble idéal. Il est beau comme un Dieu, il est élégant dans ces chemises blanches et ses polos Lacoste. Une montre avec un bracelet un cuir et un briquet Zippo. Un regard doux et affirmé, la tête haute, il déambule désormais dans les salles pour intellos, sert deux troix mains, accepte quelques compliments, répond à une interview, avale une gorgée de champagne puis signe des dédicaces.
Pierre Niney crève l’écran. Mais le spectateur connait toute la vérité et il suit la descente aux enfers de ce jeune homme, mal honnête avec lui-même et avec les autres. Tout est parti d’une simple tentation, une tentation irrésistible de reprendre les mots d’un soldat de la guerre d’Algérie. En déménageant l’appartement de ce dernier –les écrivains débutants doivent bien trouver de quoi se nourrir-, le personnage de Niney découvre un journal de guerre. Croquis, photo et récit passionnant, le faux écrivain Matthieu Vasseur se réapproprie l’histoire et la publie en son nom.
C’est ici que tout dérape. Il est entraîné par une loi de causes à effets, ce qui nous rappelle le déterminisme de Zola : Mathieu Vasseur ne peut plus échapper à sa fin, tous ses actes sont déterminés par les précédents.
Menacé par un proche du soldat, Mathieu Vasseur essaie de sauver sa peau, de garder sa dignité et son pouvoir d’écrivain à succès. Le réalisateur Yann Gozlan emprisonne le spectateur dans un thriller haletant, il place quelques scènes de bonheur et de repis, dans le jardin d’une magnifique villa, mais l’enfer est proche et revient sans cesse jusqu’à une fin douloureuse. Une espèce de mort lente et douce.
Le spectateur se demande quand le personnage de Pierre Niney va capituler. Il dégringole et encaisse les tragédies, pourtant il garde son visage calme et idéal. Tout cela pour exister à travers le regard des autres. S’il est mauvais écrivain, il sait faire face à des drames à répétition.
Pour apprécier ce film dans son intégralité, il ne faut pas regarder la bande annonce. Elle en montre trop et on se raconte intérieurement les scènes avant qu’elles ne passent. Heureusement, la fin nous prend au dépourvu. Pour apprécier véritablement ce film, il faut aussi passer sur les détails. Les menaces et emmerdes de Pierre Niney ne sont pas toujours réalistes. Le réalisateur s’est appliqué sur la tension et la mise en scène du film, mais le scénario est trop flou et a un air de déjà-vu.
Dans tous les cas, Pierre Niney nous épate. Il n’y a qu’une chose à dire : encore !
Lire la critique sur mon blog Fruits qu'on fit