"Dans ce pays, on est soit oppresseur, soit opprimé." Un constat à l'image du metteur en scène d'Un homme intègre :sans concessions et direct. Ce qui lui vaut aujourd'hui de ne plus pouvoir sortir d'Iran et d'être menacé de prison. Quant à son film, les iraniens ne le verront que sous forme d'édition pirate. La force d'Un homme intègre vient de sa complexité et de sa subtilité. Rien n'est donné au spectateur, surtout occidental, dans une narration qui ne cède à aucune facilité, manière de montrer que la corruption n'est pas qu'une affaire de pots de vin mais atteint des sommets kafkaïens où une action en entraîne une autre, imprévisible, avant que le piège ne se referme. Au-delà de cette thématique, le film montre aussi l'union de deux âmes fortes, le mari et la femme, soudés mais aussi démunis contre la violence souterraine qui les entoure. L'alchimie entre les deux est explosive et d'une incroyable intensité. Un homme intègre est d'une densité rare, portrait radical d'une société pervertie et sans échappatoire. Il n'y a pas de place pour l'espoir. C'est ce qui fait la terrible beauté du film.