Avec son sens obsessionnel de l’inventaire et un rejet du roman traditionnel, comme dans Les choses, son premier roman, qui précède justement Un homme qui dort, Perec écrit un monologue à la deuxième personne (dialogue amputé d’interlocuteur) comme seul matériel narratif et dépeint le quotidien vil, monotone et creux d’un étudiant. Son texte est mis en image par Bernard Queysanne (qui n'aura réalisé qu'un seul film, vainqueur du prix Jean-Vigo) et bénéficie surtout de la superbe photographie de Bernard Zitzermann.
On imagine bien que Perec y a plaqué ses propres souvenirs d’étudiant, ses réflexions sur lui-même et sur le monde, ses déambulations dans Paris. Sa collaboration avec Queysanne dessert son monologue, le met en valeur, lui donne un peu plus de vie. Cependant l’absence d’altérité, la forme de monologue et le refus du récit lassent très vite. L'acteur est minable. Le portrait-charge de l’étudiant manque d’humanité, de complaisance et d’empathie, si bien qu'il en devient totalement dénigrant et rabaissant, gratuitement, stupidement et pauvrement monocorde et critique, déclamé de plus avec une fatuité et une condescendance aussi maladroite qu'outrageuse.
Le résultat final, très médiocre, est plus une lecture de texte en images qu’un film à proprement parler.