Je ne cacherais pas l'émotion vive qui m'a saisie à la vision de ce film.
Juste avant la sortie, j'ai entendu une émission dans laquelle s'exprimait Anton Corbijn. La principale question qui lui était posée était son sentiment à l'égard de Philip Seymour Hoffman, quel ressenti était le sien de savoir qu'il était le dernier réalisateur à avoir saisi son immense charisme, son talent multiforme sur la pellicule et contribué à faire de lui un être éternel ?
Bien sûr l'émotion du réalisateur était palpable mais sa pudeur, son respect pour la mémoire de son acteur et son refus de tirer partie de ce malheur tragique pour une quelconque promotion m'a fait frissonner.
Cela pour dire que je n'était pas neutre du tout en me mettant devant ce métrage.
Le sujet du film, à savoir le terrorisme, me pousse à signaler en préambule ces quelques chiffres.
La lutte antiterroriste des USA n'a rien d'anodin et son efficacité est à remettre complètement en question.
En effet, il faut savoir qu'avant le 11 septembre 2001 et cette tragédie qui a fait plusieurs milliers de morts, l'année précédente, on dénombrait 198 actes terroristes pour "seulement" 750 victimes.
En 2012, soit après 10 ans de lutte, on compte plus de 11000 victimes pour 6700 actes terroristes.
La peur engendre la paranoïa, la paranoïa la haine et la haine la violence.
"Maintenant, depuis le 11 septembre, dans les yeux de chaque homme à la peau sombre, nous voyons quelqu'un qui veut nous tuer."
Alors efficace cette méthode ?

Ceci dit, venons-en au film. Gunther Bachmann travaille à la cellule antiterroriste de Hambourg ville par laquelle transitent les islamistes de tout bord.
Isla Karpov, jeune tchétchène venant de débarquer dans le port allemand, devient la préoccupation majeure des américains.
Il est fascinant de voir comment ses derniers se positionnent en chef de la lutte et imposent leurs conditions en mettant la pression à leurs alliés. Gunther est donc obligé de considérer cette affaire comme prioritaire et de se ranger à l'opinion de son superviseur (Herr Brohm) et de observateur américain (magnifique Robin Wright) qui lui laissent malgré tout un sursis de trois jour.

Ce ci étant posé il est nécessaire de signaler que "A most wanted man" n'est pas un film d'espionnage traditionnel. Il n'y a pas de scènes d'action à proprement parler, de course poursuite spectaculaire dans les rues de la ville ni quoi que ce soit qui y ressemble.
Nous sommes chez Corbijn et LeCarré : dans un thriller psychologique ! Les espions ne sont pas pas des supermen avec des pouvoirs extraordinaires mais des gens qui effectuent un travail de fourmi pour "faire de la planète un endroit plus sûr".
Cette adaptation du romancier à succès John LeCarré bénéficie d'un casting quatre étoiles. Outre l'immense PSH, les personnages sont interprétés par Robin Wright, Willem Dafoe, Daniel Brühl. Ils évoluent autour d'un homme désabusé, qui a du mal à croire en quoi que ce soit. Il doit confronter ses questionnements moraux à sa saisissante mélancolie. Elle l'habite, le porte et le hante d'un bout à l'autre du film.
Ce n'est pas l'originalité qui fait la force de ce thriller d'espionnage. L'efficacité ne tient pas dans le spectaculaire. Non, l'intérêt se situe dans la complexité des personnages. Un alcoolique au bord du suicide, un banquier pas totalement antipathique, un terroriste qui fait de bonnes actions humanitaires. Rien n'est manichéen et la force que PSH donne à son personnage qui montre l'importance essentielle de réfléchir aux conséquences de ses actes et de voir plus loin que le bénéfice immédiat n'y est certainement pas étrangère.

Rien que pour lui mais pour plus encore...
Rawi
8
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le 2 nov. 2014

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le 2 nov. 2014

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Rawi

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