Les amis de l' épuration, ou de la curée ou ceux que trop d'intelligence accable, n'aimeront pas ce film. Son auteur abuse du dialogue vif et brillant (en légère survitesse à dessein de nous étourdir ) serti dans un écrin new yorkais d'intérieurs somptueux, filmé tout en profondeur kubrickienne, aux couleurs chamarrées et storariennes, un sfumato cinématographique vu nulle part ailleurs.
Contempler les images, écouter les dialogues pourrait suffire à notre plaisir ; si nous n’étions exigeants à l'aune de la filmographie de son auteur, ou des références dont il a truffé son dernier opus.
Sauf que celui-ci au fond n' est qu'un aimable divertissement, une énième antidote à l'endémique dépression de son auteur .
En ce sens, Pollard le cinéaste du film est assez pitoyable, presque autant que pouvait l'être ce geignard de Woody quand il s'auto-filmait en petit corps malade. Il est juste plus beau (on se demande pourquoi ) et réduit au rôle de faire-valoir dans le spectacle de marionnettes où sont précipités notre couple de héros.

La substantifique moelle de cet opus est en creux de la fuite en avant, nonchalamment orchestrée par notre clarinettiste patenté. Mensonges partout et par tous tapissent nos regards.
Ce jeune homme peut encore être sauvé tandis que les personnages masculins qui l'entourent, annoncent le pire à venir, lâcheté, muflerie, exploiteurs, trompeur/ trompé, sans parler des pères: ectoplasmes ou abonnés absents.
Je confesse une certaine déception du côté des personnages féminins, promesses non tenues ? Elle Fanning m'a enchanté de son talent comique, mais Woody l'a surchargée un peu la pauvre mule! Selena Gomez n'a pas la grâce d'un Audrey H , d' une Grace K pour que le contrat romantique soit rempli. Chalamet a de la ressource mais sur la longueur est lisse, lisse, si lisse! Un Woody Allen version poupée plastifiée comme sa coiffure inaltérable sous la pluie !


La politesse du désespoir règne en maîtresse du pilotage automatique de notre entêté, en vain, à vide, pourrait-on dire comme d'autres le susurrent, il flirte avec la bout de course, la boucle bouclée de l' à rebours.... Des Esseintes plane parmi toutes les ombres sur ce film.
Mais qui ne sait pas voir que le vrai final, expression d'une nostalgie qui n'aura existé que dans les rêves, n'est pas sous l'horloge ?
Il est dans le boudoir de maman, révélation d'une sacrée vérité, souillure indélébile, marque des grands.


Sans souffle, mais avec un brin de génie.
D'une cruauté retenue, crépusculaire. A quoi bon l'ironie quand il n'y a plus personne pour la saisir... Le doute l'étreint, la solitude est réelle.

PhyleasFogg
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le 27 sept. 2019

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