À l'instar d'un Cédric Klapisch dont le dernier titre est sorti une semaine plus tôt, j'attends toujours le nouveau film de Woody Allen avec beaucoup de curiosité, et de façon tout aussi injustifiée. Cela écrit, et si je me réjouis de sa sortie après avoir été bloqué honteusement pendant près d'un an pour des critères n'ayant strictement rien à voir avec le cinéma, « Deux moi » ferait presque figure d'œuvre majeure à côté d' « Un jour de pluie à New York », apparaissant quasiment comme une caricature de la grande période allenienne.
Tellement creux, verbeux, qui plus est pour dire des choses inintéressantes (certes bien formulées, mais inintéressantes quand même), une énième histoire de héros intello (Timothée Chalamet, sous-double d'Allen beau gosse) en lutte avec ses conservateurs de parents devant faire face à ses contradictions pour trouver sa voie. À l'image de cette représentation ridicule du milieu intellectuel cinématographique, l'œuvre est un pur vaudeville, certes raffiné, mais un pur vaudeville quand même.
On a l'impression d'avoir vu certaines scènes mille fois, quand bien même sont-elles mieux tournées, Allen oblige, cela reste vraiment banal, le génial auteur de « Manhattan » semblant avoir complètement perdu la formule de ce qui faisait le charme de sa merveilleuse période new-yorkaise. Bon, un réalisateur de cet acabit ne pouvant être totalement dépassé, la technique reste impeccable, la photographie flamboyante (Vittorio Storaro oblige) et quelques moments, notamment la conversation entre Gatsby et sa mère ou la seconde rencontre entre celui-ci et Chan sont bien sentis.
Surtout, même s'il fait le coup presque à chaque film, L'ami Woody a l'art de créer des bandes-originales toujours aussi inspirées, ici rythmées en grande majorité par les notes du génial Erroll Garner : un délice. Insuffisant pour que ces quelques jolies qualités compensent la platitude et le manque souvent total d'inspiration de l'auteur pour un come-back dans la grosse pomme plus que mitigé. Ah, la vieillesse...