Imaginons qu'on enlève les digressions sentimentalo-policières niaises, les langueurs à la verlaine et les twist auxquels même les amoureux de Jeunet font semblant de croire par politesse, il resterait à ce "Long dimanche de fiançailles" 30 à 40 mn d'ossature narrative.
Mais bon faut il s'appeler Jeunet pour aimer tellement se regarder faire du cinéma. D'accord, ça donne au moins des images esthétiques. Esthétisme qui à défaut de porter l'émotion comme pour son "Amélie Poulain" aux accents de fable, finit ici par la noyer et l'annuler.
On dira jamais assez que ce dont le spectateur se rappelle longtemps après avoir vu un film c'est son histoire. L'image, la bande son et les effets spéciaux c'est un peu comme le désodorisant à chiotte : ca s'évapore très vite...
“Je n'admire jamais tant la beauté que lorsqu'elle ne sait plus qu'elle est belle.” disait André Gide. C'est ici le problème. Ce film n'oublie pas un seul instant qu'il est et doit être beau. La beauté qui devait probablement nourrir l'atmosphère n'a finalement donné pour ce trop "Long dimanche de fiançailles" naissance qu'à une pâle froideur... ou presque !