Déjà, un film sur les enseignants qui donne un minimum l'impression de s'être renseigné auparavant et d'être dans le vrai dans son regard, c'est à saluer. Plutôt sympa, aussi, de voir Thomas Lilti sortir de sa « zone de confort » pour s'éloigner du milieu hospitalier en évoquant un autre sujet qui nous concerne ou nous a concernés. « Un métier sérieux » se regarde sans aucun ennui et même avec un certain plaisir, le réalisateur-scénariste sachant mener sa barque et nous prendre dans le sens du poil pour apparaître ni trop simpliste, ni trop naïf. On ne cherche à idéaliser personne, ce qui rend nos héros d'autant plus sympathiques, humains. L'identification est aisée (notamment pour moi), certaines situations sentent le vécu, essayant d'aborder plus ou moins tous les sujets essentiels entourant le quotidien des profs.
Et c'est justement là sa faiblesse : à force de vouloir tout traiter, il n'approfondit presque rien, surtout en une centaine de minutes. Aucun sujet n'est vraiment central, servant de fil rouge à l'ensemble : transport, pédagogie, discipline, contractuels, vie personnelle... Rien ne manque vraiment, sans qu'il y ait de réels partis pris, de priorités données à un récit restant relativement sage, voire convenu. De plus, certains aspects m'ont surpris, ne me paraissant pas forcément en phase avec la réalité (notamment la composition du conseil de discipline) mais bon, ne travaillant pas dans un établissement toujours très conforme aux lois, pourquoi pas... Certains protagonistes sont également trop laissés sur la touche, ne devenant importants que par à-coups (Louise Bourgoin en tête, et j'ose à peine citer Lucie Zhang, totalement sacrifiée), les problèmes familiaux de certains frôlant la caricature, tout comme la grande et belle entente dans la famille de l’Éducation Nationale.
Aurait-il fallu faire, comme pour « Hippocrate », une série afin de donner la pleine mesure de ce beau projet ? Au fond, que cherche vraiment à exprimer Thomas Lilti ? Une étude sociologique sur le milieu enseignant ? Un simple et bel hommage à ces « héros du quotidien » tels que l'étaient infirmiers, médecins ? Dans le premier cas, c'est léger. Dans le second, ça se tient, notamment grâce à la belle énergie d'un casting charmant (aux habitués du réalisateur vient s'ajouter la toujours excellente Adèle Exarchopoulos) où chacun semble se mettre au service du collectif. Assez limité niveau « valeur cinéma », mais faisant passer un bon moment de façon plutôt intelligente : après tout, c'est déjà pas mal.