La violence des démunis
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« La forme, c’est le fond qui remonte à la surface », disait Hugo. Pas faux, ces deux notions sont indissociables, et Rodrigo Plá l’a tout à fait assimilé. Dans son thriller social, il retrace le parcours de Sonia, déterminée à obtenir l’assurance maladie qui permettrait à son mari d’être soigné. Un combat qui va prendre la forme d’une hydre, où chaque tête coupée est remplacée par d’autres, infiniment, monstrueusement.
Pour dénoncer des corruptions de plus en plus ancrées dans le système administratif, le mexicain use de tout son talent de metteur en scène au service de son récit. Ses plans fixes jouant avec une profondeur de champ trouble décontenancent, d’abord. Qui est le sujet filmé, le public ne doit-il pas se concentrer sur l’arrière-plan, bien plus pertinent ? Cette technique fascine ensuite par sa capacité à suggérer des choses invisibles, à mettre en lumière notre totale subjectivité de spectateurs ainsi que nos habitudes.
En allant voir un à un les acteurs indirectement responsables du sort de son mari, Sonia s’enfonce dans un labyrinthe qui n’aurait pas de sortie, si ce n’est celle de l’échec. Sec, très court et sans musique, le rythme est stressant parce que stérile. Tandis que Le Mal ne prend pas de véritable visage, personne n’est clairement identifié, mais tout le monde est concerné. Un monstre à mille têtes s’avère être l’une des meilleures surprises de l’année en symbolisant un film très dénonciateur, et pourtant d’un calme implacablement froid. Une claque.
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Créée
le 7 avr. 2016
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