Artus est en train de sauver les salles de cinémas françaises, et il m'intriguait légèrement de voir de quoi il en retournait. Je dois avouer que le film ne m'intéressait pas de base, et qu'il semblait juste être une comédie populaire française qui ne faisait pas dans la subtilité, en s'engouffrant dans la facilité et la vulgarité. Maintenant que je l'ai vu, j'en suis désormais certain.
Il serait peut-être un peu gonflé de réduire le film à cela, car il réussit à réunir une joyeuse troupe, bien que traitée de manière peu équilibrée, mais c'est une problématique assez courante dans les films choraux. On y retrouve beaucoup d'acteurs et d'actrices peu connus, voire amateurs. Il y a Ludovic Boul, reconnaissable par ses insultes totalement gratuites, qui peuvent paraitre un peu énervantes, mais la joie communicative du personnage réussit à nous avoir à l'usure, ou encore Stanislas Carmont, qui se démarque par son côté imitateur assez rigolo (il me fait beaucoup penser à Marc-Antoine Le Bret étrangement). Parmi ceux qui m'ont touché, il y a Théophile Leroy, dans ce fan de Ronaldo très attachant, Arnaud Toupense aussi dans sa justesse, ou encore Sofian Ribes qui est probablement celui qui a le plus réussi à m'émouvoir, notamment dans la scène où il parle de ses parents.
Étonnement, du côté des valides, je suis moins convaincu, Clovis Cornillac et Alice Belaïdi m'ont paru assez faux (le comportement du personnage de Belaïdi me parait même validiste et condescendant, on le voit notamment comment elle parle à Sylvain aka Artus), Artus qui lui semble un peu plus à l'aise, bon après c'est son propre film. Niveau musique, je suis clairement déçu, car c'est juste un festival de musiques sous licences, avec ses musiques populaires dansantes, ou ses musiques tristes tires larmes faciles, et donc un peu ridicules, et au final cela participe au manque d'identité du film.
Pour revenir au scénario, je suis globalement assez déçu aussi, les situations sont un peu grotesques, et bourrés de facilités scénaristiques : la manière dont le père et son fils rentrent dans le bus est téléphoné, ou même la scène où ils parlent dans le dortoir à haute-voix alors que tout le monde dort, le tout semble légèrement incohérent. Même certains magnifiques plans, comme cette vue en drone pour voir la route creusé dans la montagne, parait assez gratuite, compte tenu qu'ils sont juste en train de revenir du Leclerc (mais probablement que je chipote). L'humour y est provocateur et gratuit, et ira jusqu'à atteindre le point Godwin, ou l'évocation d'Émile Louis, parce que pourquoi pas, mais j'avoue que je trouve le tout un peu lourd, même si le film réussit à outrepasser ma garde à plusieurs moments avec ce type de procédé.
Bref, une comédie populaire française comme on en voit beaucoup trop, avec ses archétypes téléphonés et peu originaux. Mais il réussit à se démarquer avec ce petit truc en plus, cette joyeuse troupe atypique, avec ces minorités qui sont encore trop peu représentées, qui nous feront un peu rire, un peu émouvoir. Je suis un peu triste que la structure ne suive pas vraiment, en cumulant les poncifs du genre. En tout cas, plutôt content pour toute l'équipe que ce film soit un franc succès.
Après, je connais mal le sujet du validisme et des personnes en situation de handicap en général, donc difficile pour moi de prendre part dans le débat vis-à-vis de ce film. Pour moi, il se veut volontairement problématique pour détourner les clichés inhérents à ce sujet, mais cela est-il contre-productif ? La question est ouverte, en tout cas la réponse me semble nuancée.
(Vu le 3 juin 2024 en cinéma)