Malgré mes appréhensions habituelles envers les comédies françaises, j’ai fini par aller voir cette comédie de braqueurs qui se planquent dans le séjour estival de personnes handicapées mentales. Artus embrasse ici pleinement les codes du feel good movie, de sa galerie de personnages attachants à sa musique entraînante, jusqu'au final sirupeux où monsieur « remporte la fille ». On passe plutôt un bon moment, le film sachant alterner humour et sérieux, mais sans grande surprise. Le déroulé est assez classique et s'offre pas mal de facilités scénaristiques attendues : le copain pas très compréhensif qui se pointe, la partie à Ibiza, l'achat de la maison, etc. Cependant ces écarts et parfois incohérences restent dans une ligne assez similaire ce qui permet de conserver la suspension de crédulité demandée.
Le film cherche clairement à développer notre empathie pour les personnages et à changer notre regard sur leur handicap pour enfin les considérer comme des personnes à part entière et distinctes. Là où il est vraiment drôle c'est justement dans cet humour corrosif et militant qui pointe le comportement au mieux ignorant au pire méprisant des valides ; et là on peut citer l'excellente scène du melon. En revanche je suis moins emportée par les running gags plus classiques qui deviennent lourds. Ainsi Marc, et dans une certaine mesure Marie, deviennent objet de moquerie récurrents dans une inversion du souffre-douleur pas forcément fine. Ne connaissant pas ce milieu ni les attentes envers les éducateurs spécialisés, il est également difficile de savoir si certaines attitudes sont condescendantes ou réalistes, et on retrouve pas mal d’archétypes très caricaturaux. Marc est souffre-douleur, mais il adopte lui-même des attitudes problématiques, et ses relations avec les autres membres ne sont pas très crédibles. A l’opposé, la Fraise est également excessif. Ironiquement, d'un point de vue comédie, atmosphère, réalisation ou scénario, le film manque justement ce petit truc en plus qui font les grandes comédies.
Mais Artus réussit son objectif, à savoir montrer qu'on peut rire, pleurer et sourire avec des personnes atteintes de handicap et non pas contre elles, et réussit à proposer une autre représentation de la société, sans devenir donneur de leçons. Et c'est déjà ça.