Face à un succès public aussi important que l'est ce P'tit truc en plus, le cinéphile le plus curieux a pour devoir de tenter d'en comprendre le plus objectivement possible la recette et d'aller découvrir avec un peu d'humilité ce film qui, en attirant autant de spectateurs dans les salles, participe activement à la vie de l'industrie qu'il soutient.
A la recette facile de blockbusters americanisés et insipides, construits sur des enjeux scénaristiques connus d'avance, ou à celle affligeante de comédies potaches qui jouent sur les clichés faciles et lissent, par un mouvement qu'on ne saurait démontrer ô combien il est dangereux, les différences pour mieux les égaliser (on ne citera pas les films en question) le film de l'humoriste d'Artus, son premier derrière la caméra, a en effet un p'tit truc en plus.
En célébrant les différences plutôt qu'en les égalisant, Artus montre qu'il a pris un degré supérieur de maturité sur le reste du monde de la comédie dont il occupe désormais une place importante et dès son coup d'essai, confirmée.
Outre les raisons contextuelles qui peuvent expliquer son succès, son film est avant tout une réussite pour ses qualités propres : sens du rythme, de la réplique et humour qui fait mouche, grinçant et noir par moments, caractérisation non enfermante de personnages aussitôt attachants, création d'automatismes qui embarquent le spectateur dans sa logique propre au film, résurrection de Clovis Cornillac, qu'on avait pas vu aussi touchant depuis bien longtemps, ...
Avec une grande sensibilité qui jamais ne vire à la sensiblerie, et une certaine audace dans sa façon d'emmerder fièrement les intolérants, Artus dépeint des personnages en quête de sens, et par cela parle plus que jamais à un public qui s'y reconnaîtra, sans se savoir pris pour un "mongolito", et qui sortira de la salle avec l'envie d'être meilleur.
Et c'est peut-être bien la plus belle fonction du cinéma.