En bons français, nous avons tôt fait de moquer le succès des comédies populaires, paradoxes ambulants qui, bien que souvent basses du front, tutoient les sommets du box-office hexagonal. Et donc, comme tant d’autres avant lui, le succès d’Un p’tit truc en plus n’échappe pas à la règle, d’autant qu’il cultive à son tour une « différence » pour construire son intrigue, à savoir les personnes en situation de handicap : alerte dérapage ?
En réalité, le long-métrage d’Artus est des plus contrastés tant la manière, globalement bienveillante, fera parfois montre de saillies humoristiques mal dosées : disons que le mariage entre la comédie grand public et ses bonnes intentions coince ci et là, le comique de répétition oubliant tout doigté au profit de gags gratuits et, rapidement, malvenus. Non pas qu’il faille alors bannir toute autodérision, loin s’en faut, mais il est indéniable que la méthode est perfectible : si nous pouvons bien faire rire de tout, encore faut-il bien le faire.
Reste que l’ensemble, que nous devinons pétri d’amour pour ses interprètes, n’est pas désagréable en tant que divertissement pur jus : il y règne une atmosphère bon enfant ne tombant pas dans le piège du misérabilisme, préférant assumer une mièvrerie un peu compensée par « l’humour » précité ou la férocité d’un la Fraise revêche. Et il ne faudra pas en attendre davantage, Un p’tit truc en plus montant en épingle une intrigue d’abord extravagante pour nous servir une musique amplement prévisible : un hymne à l’ouverture auquel nous souscrirons plutôt qu’à la forme du message, lui qui cédera souvent aux sirènes du poncif (les déboires sentimentaux d’Alice puis son rapprochement de Paulo, le tandem Orpi/Baptiste…).
Bref, rien d’extraordinaire sous le soleil du Vercors, ni la purge que nous pouvions craindre à rebours de sa grande réussite : même si, une fois encore, pareil triomphe a de quoi laisser songeur.