AVANT LE FILM
Vingt ans après Walk the Line (2004), James Mangold, habitué des franchises, retrace l’ascension d'un autre artiste qui aura croisé Johnny Cash, Bob Dylan, de 1961 à 1965, oscillant entre naïveté et calcul.
Déjà fort de dizaines de nominations, dont huit aux Oscars, les marmonnements de Dylan ont séduit par bien des aspects. Ne connaissant que très peu cette période de l’histoire musicale, il m’a été intéressant de m’y plonger et d’en démêler le vrai de la pirouette scénaristique.
Un Parfait Inconnu, biopic très musical, déroule les nombreuses belles performances de Timothée Chalamet (Bob), Monica Barbaro (Joan Baez) et Edward Norton (Pete Seeger). Cependant, en dehors de ces très bons moments, d’une large image soignée et de somptueux décors, le scénario est poussif et semble même me crier « mais si ! C’est un moment décisif de l’Histoire ! ».
Sortis presque simultanément avec Better Man, les deux biopics aux formalismes distincts, somme toute se valent.
APRES LE FILM
Bob a un plan. Le regard froid et les paroles bredouillées – pourvu que lui les entende, le reste peu importe… –, il fait ce qui lui plaît avant tout. D’abord obtenir de quoi vivre en engrangeant les chèques, puis jouer ce qu’il veut, sans se plier ni aux diffuseurs ni aux fans. Bob l’individualiste nous plante là à coup d’accélérateur de moto à deux reprises : à l’indépendance financière, puis à l’indépendance l’artistique.
Le plan de Dylan exclut les altérités : tu soutiens Bob ou tu le quittes. Sylvie Russo (Elle Fanning), personnage semi-fictif, finit par comprendre que son monde ne l’intéresse pas, qu’elle ne parviendra jamais à faire partie du sien et que l’auteur n’a rien d’autre à lui offrir qu’une cigarette.
Moment d’affirmation des choix de Dylan, la mise en scène de l’ « émeute » du festival Folk m’a paru très longue et factice. Les organisateurs sont hors d’eux, mais concrètement, ils ne font rien. De plus, la foule furieuse, pour les trois quarts composée de CGI paraît figée.
Visuellement remarquable, Un Parfait Inconnu m’a finalement permis d’entrer dans le monde de Bob Dylan. Néanmoins je m’interroge sur ce que les amateurs de l’artiste apprécieront en dehors de la mise en image d’une histoire qu’ils connaissent.