Le biopic est un genre que je n'aime pas, il me semble que je me suis déjà exprimé dans d'autres chroniques à ce sujet. Car rien ne remplace une bonne biographie, documentée (comme par exemple celle de François Bon, sur Dylan, et qui couvre à peu près la même époque que le film). Beaucoup plus de profondeur qu'un film, dure-t-il 2h20. Un biopic ne peut être qu'une évocation, plus ou moins fidèle à la réalité du personnage et pouvant parfois virer à la flagornerie, ce qui n'est pas le cas ici. Il est diffusé pour entretenir une légende, qui peut plus ou moins déformer les faits. Et peut-être aussi en l'espèce pour booster les ventes, ici de disques...
Ceci étant posé, force m'est de reconnaitre que l'évocation est plutôt réussie. En premier lieu par la qualité de la bande-son et le tour de force des acteurs-chanteurs (je crois que ce sont eux qui interprètent les chansons de Dylan et de Joan Baez) qui arrivent quand même très bien à chanter comme les personnages qu'ils jouent. Même si c'est quasiment impossible de chanter exactement comme Joan Baez. Après, la réalité est un peu diluée du fait du format de 2h20 du film, mais il me semble que certaines des anecdotes qui y sont relatées sont réelles : par exemple, Al Kooper, guitariste de son état, qui prend au pied levé les claviers en studio sur Like a rolling stone et qui invente un accompagnement fameux. Newport 1965 est évidemment vrai, de même que la visite à Woody Guthrie à l’hôpital (lui a-t-il vraiment filé son harmonica, ça je n'en sait rien !). Après, je ne dirais pas que certains passages n'ont pas été un peu enjolivés ou romancés, notamment au début du film, lorsque Dylan rencontre Pete Seeger. Mais bon, le film m'a paru tout de même bien documenté. Avec une curiosité, Suze Rotolo renommée en Sylvie Russo (il parait que c'est Dylan lui-même qui a voulu respecter, relativement, son anonymat).
Après, ce qui me semble très réussi, c'est l'évocation du personnage, tout en je je-m’en-foutisme, insolence et individualisme. Le gars qui en gros dit merde à tout le monde quand ça lui chante et qui dès lors qu'il accède à quelque chose (par exemple au statut d'icône folk) envoie tout balader, parce qu'il préfère sa liberté aux contraintes d'une position sociale. Ca, en fait, ça me parle et c'est à mon avis ce qui fait que Dylan a duré aussi longtemps. D'ailleurs Springsteen a un peu, mais de façon moins radicale, fait la même chose. Est également bien montré l'état de tension et de fatigue dans lequel le chanteur se trouve à l'approche de 1966 (et de son accident de moto). Que l'on retrouve dans l'excellent documentaire No direction home de Scorsese.
Bref, à voir pour les fans. Mais si la folk music vous gonfle, passez votre chemin.