De la prise de la Bastille à l'exécution du roi, 2 heures suffisent-elles pour raconter la Révolution ? Evidemment, non, mais au moins Un peuple et son roi ne manque pas d'ambition et possède un point de vue et montre une rigueur historique quasi sans faille. Le film ne peut pourtant se vivre autrement que comme un survol d'une période riche en événements d'autant qu'il se veut autant politique que romanesque, gageure impossible à tenir, même pour un réalisateur de la trempe de Schoeller dont L'exercice de l'Etat reste l'un des meilleurs longs-métrages français de la dernière décennie. Qui trop embrasse mal étreint, la formule se vérifie hélas encore dans Un peuple et son roi, malgré des qualités esthétiques indéniables dans une mise en scène qui n'a pas peur de se faire lyrique. C'est surtout vrai quand la caméra s'attache au petit peuple parisien qui réclame d'abord "du pain et des ailes" quand il marche vers Versailles en 1789 puis qui s'identifie au leitmotiv en vogue "la liberté ou la mort." Plus convenus, presque académiques, les débats à la tribune de l'Assemblée tombent un peu dans le didactisme scolaire même si le rappel des faits est obligatoire quand on a le cran de s'attaquer à un tel pan de notre histoire. En définitive, le casting trop riche et l'opulence des moyens desservent le film au sens qu'aucun personnage ne s'impose vraiment malgré l'excellence des prestations de Gourmet, de Haenel, d'Ulliel et de Garrel. Ce n'est pas qu'Un peuple et son roi manque d'âme et de flamme, c'est que, dilué dans un torrent d'informations et de visions, il perd de sa lisibilité et notre concentration par la même occasion.