Lire l'histoire de la révolution française par Michelet, c'est plonger dans la complexité de l'époque sans jamais lâcher la main des gens qui l'ont faite; tout en bas, tout en haut et dans les différents milieux.
Souvent en les ressuscitant, toujours en respectant leur singularité individuelle ou élective.
Que Schoeller ait eu l'ambition de dessiner une fresque de la même ampleur, c'est possible. Mais, malgré le budget du film, le résultat est juste un gribouillage désordonné où les références incongrues se superposent à des clichés troublants.
Ici on ne voit pas le peuple (et pourtant les débats actuels pouvaient faire espérer un petit effort là dessus). On ne voit pas le roi non plus, ni comme homme (l'horloger ?), ni comme institution (l'épisode sur le lavage des pieds est au mieux ridicule, au pire biaisé... car pourquoi ne pas prendre alors la pratique des écrouelles qui aurait autrement décrit le caractère institutionnel de la royauté).
La révolution française est un sujet compliqué où sans doute l'histoire a beaucoup hésité. C'est aussi (... et toujours... car malgré que Mitterrand est déclaré officiellement la fin de la révolution française ... un officiel chinois déclarait il y a 10 ans qu'il était trop tôt pour en tirer des conclusions) un sujet clivant.
Au moins 2 raisons de ne pas faire un film aussi navrant.
Le choix des personnages censés représenter le peuple est juste bizarre (un voleur, un artisan, une lavandière).
La vision cauchemardesque d'Enri4, Louis11 et Louis14 présentés comme les ancêtres (Sic) de Louis16 lui réclamant la restauration de la grandeur de la France est une aberration extravagante.
La référence à la marche des astres qui ouvre et clos le film (avec la mort du roi) encadre le récit dans une perspective très spécieuse, voire gênante.
Que les principaux personnages soit aveugles, ou sourds, ou absents de ce qui est présenté comme le basculement violent de l'histoire (attaque des Tuileries) est carrément troublant.
Schoeller rajoute donc ses fantasmagories et ambiguités personnelles à celles de l'histoire qu'il raconte. Sans éclairer son sujet.
Le résultat est une logorhée personnelle, inutile, souvent fardée, quelquefois gênante.
Michelet ponctuait son histoire, qui dépasse largement la mort d'UN roi (car il y en eut d'autres après!) en regrettant que certains n'en aient ni rien appris ni rien oublié.
Évidemment, Shoeller a lu Michelet. Ce qu'il en a appris... il ne l'a pas maitrisé, ce qu'il en a fait ... on peut l'oublier.