Ah là là ! L'humour anglais et moi, c'est toute une histoire.
J'avais eu une première déconvenue en 1975 avec "Sacré Graal" de Monty Python à sa sortie. Je m'en souviens comme si c'était hier. Dans la salle, il y avait, incroyablement, deux populations distinctes : ceux qui pissaient dans leur froc tellement ils riaient et ceux qui restaient de marbre. Je faisais partie de la deuxième population. Plus tard, j'ai eu revu le film et j'avais mieux apprécié sans pour autant rire à gorge déployée.
Pourquoi est-ce que je me remémore une si cuisante défaite de ne pas réussir à surmonter cette infirmité, ce handicap de ne pas pouvoir adhérer à cet humour déjanté ? C'est parce que dans "un Poisson nommé Wanda", je me retrouve finalement avec deux personnes qui avaient œuvré dans le scénario de "Sacré Graal" à savoir John Cleese et Michael Palin.
À nouveau, je me retrouve presque dans la même situation sauf que pour ce film de Crichton, je suis tout seul, dans mon salon, à cuver ma honte. Enfin, pas tout-à-fait tout seul puisqu'au premier visionnage j'étais avec mon épouse pour découvrir le film. Par contre, pour ce dernier visionnage, j'étais bien seul, ma femme ayant largement déclaré forfait…
Un point qui me parait important de dire, c'est que j'ai vu le film en VF et en VO sans que cela ne change mon appréciation. Je ne ris pas plus dans l'un que dans l'autre.
En VO, on distingue toutefois mieux les personnages américains des personnages anglais JL Curtis et Kevin Kline vs John Cleese et Michael Palin.
Le scénario raconte un hold-up mené par une équipe de malfrats, incompatibles entre eux, que seuls, la cupidité et l'individualisme rassemble. C'est dire qu'au-delà de l'intrigue policière qui en vaut bien d'autres, on aura surtout affaire à des numéros d'acteurs. Évidemment, ça crée des situations cocasses comme Pal Palin qui est un défenseur des animaux et en particulier des poissons dans son aquarium face à un voyou, bête et jaloux, Kevin Kline pétri de philosophie nitzchéenne dont il ne comprend pas un traitre mot. De même, Jamie Lee Curtis, prodigieusement sexy avec ses longues jambes qui n'en finissent pas, n'en pince que pour celui qui peut lui amener la fortune au point de trahir dès que nécessaire. C'est le personnage intelligent de la bande qui sait utiliser ses "appâts" face aux trois autres benêts qui bavent d'envie ou de jalousie. John Cleese est de mon point vue le personnage le plus amusant puisqu'il joue le rôle de l'avocat de renom, doté d'un accent ampoulé typiquement "well educated" vivant dans une riche famille anglaise traditionnelle et qui va sombrer, à son insu, dans la pire turpitude.
La bonne question serait de me demander qu'est-ce qui fait que ça ne fonctionne pas sur moi. Ou peu.
D'abord, les personnages n'apparaissent pas très sympathiques et n'entrainent pas un attachement de la part du spectateur. Kevin Kline est juste con même s'il pète un plomb dès qu'on le traite de débile. Pal Palin bégaie et se fait foutre de lui. Sauf quand JL Curtis lui roule un patin ce qui fait que pendant cinq minutes, il devient intarissable …
La satire (employons les grands mots) de l'américain face aux anglais et à leurs coutumes désuètes se termine par un mépris sidéral qui finit par être contreproductif en termes d'humour. C'est un peu comme les blagues belges (à sens unique) dans les comédies françaises. Un peu, ça va, trop, bonjour les dégâts
Le personnage de Jamie Lee Curtis parait trop vénal pour emporter l'adhésion. Ça, pour être craquante, elle l'est. Mais son cœur trop visiblement sec comme une pierre finit par ne plus être amusant.
L'humour n'est pas burlesque comme dans les "screwbal comedies" américaines. Il n'y a pas non plus de second degré. Non, l'humour repose surtout sur un écart par rapport à une norme donnée.
SPOILER : Par exemple, l'ami des bêtes, Michael Palin doit tuer une petite vieille qui promène ses trois chiens. Il ne parvient qu'à tuer les chiens l'un après l'autre et en est, à chaque fois, malade. Quand il parvient enfin à tuer la vieille dans la rue, il est le seul à se réjouir devant les badauds consternés. De même, la séance de torture avec deux "french fries" dans les narines ou encore Kevin Kline qui bouffe les poissons de l'aquarium. L'humour de ces exemples m'a largement échappé.
Au final, le film se laisse regarder car l'intrigue présente un certain intérêt de voir où vont bien aller cette bande de branquignols. Mais pas de quoi mourir de rire, en ce qui me concerne, comme ce spectateur danois qui, dit-on, est mort d'un arrêt cardiaque en regardant le film.