Celui que vous croyez

Une comédie sentimentale regardable, et même plutôt sympathique, mais trop bancale à certains égards pour séduire tout à fait.

Déjà, ce qui fait plaisir, dans une comédie française contemporaine, c'est de croiser des personnages authentiques, et non des caricatures outrancières, au prétexte de "faire rire".
Le réalisateur-scénariste Stéphane Robelin ne force pas le trait, ses héros apparaissent tangibles, non dénués de défauts mais plutôt attachants.

Autres bons points : le rythme est fluide, on ne s'ennuie pas, et les comédiens se montrent convaincants dans leurs rôles respectifs, à commencer par le duo central bien assorti, composé du jeune Yaniss Lespert (frère de Jalil) et du vétéran Pierre Richard (déjà présent dans le précédent film de Robelin : "Et si on vivait tous ensemble?").

Venons en maintenant à ce qui fâche : déjà, l'argument narratif central apparaît absurde, on ne comprend jamais où veut en venir le personnage de Pierre Richard avec son stratagème aberrant, consistant à se faire remplacer par son prof d'informatique trentenaire au moment de rencontrer la jeune femme qu'il a préalablement draguée sur internet. Quelle issue pouvait-il espérer?

D'autre part, à la place du héros, j'aurais été plus attiré par la jolie blonde Stéphanie Crayencour que par la brune Fanny Valette, assez quelconque et qui semble déjà botoxée à l'orée de la trentaine. Mais ce point de vue reste très subjectif, j'en conviens.

En revanche, le dénouement choisi me paraît clairement malvenu : plutôt que de forcer le happy end, une touche d'amertume me semblait adaptée pour conclure cette comédie au ton assez mélancolique. Déjà que le grand discours triangulaire qui précède cet épilogue avait tendance à insister sur le pathos...

Cela dit, ça fait plaisir de revoir Pierre Richard dans un rôle intéressant (loin de certains navets très grand public tournés ces dernières années), et "Un profil pour deux" constitue dans l'ensemble un divertissement honnête, doté d'un arrière-plan sociétal qui sonne assez juste.
Dommage que certains choix empêchent le film d'être plus marquant.