C'est une chronique de l'Occupation et du sort fait aux Juifs, une chronique parmi d'autres qui ne nous apprendra rien de cette période -notamment de l'attitude de certains français- mais dont l'anecdotisme, à travers le souvenir de Joseph Joffo et la mise en scène, simple, juste, de Jacques Doillon, est un condensé sensible de moments graves, tendres et parfois cocasses.
Autant de termes qui qualifient la fuite de deux enfants juifs, deux frères quittant Paris pour le sud de la France en passant la ligne de démarcation. C'est par le regard de Joseph, le plus jeune des deux frères, qu'est décrite la traversée.
Doillon montre bien comment l'aventure n'est pas celle d'un enfant, comment Joseph est décidément trop jeune pour être confronté au rôle de fugitif et de clandestin qu'on lui fait tenir. Et Doillon de représenter aussi comment l'innocence et les aspirations de l'enfance, sacrifiées à la nécessité de survivre, ressurgissent, forcément.
C'est l'originalité du point de vue du réalisateur et probablement celui de Joffo. C'est aussi de là que provient l'émotion propre à cette histoire particulière. Le réalisateur est aidé dans sa démarche par deux jeunes acteurs convaincants auxquels il convient d'ajouter des seconds rôles et une reconstitution d'époque remarquables d'authenticité.