Première collaboration entre Siegel et Eastwood, qui donnera lieu à moult chefs-d'œuvre du Nouvel Hollywood, Coogan's Bluff est trop souvent et injustement réduit à un vulgaire brouillon de Dirty Harry.
Si le personnage est bien sûr esquissé dans ses grandes lignes - machiste, tête brûlée, laconique et violent -, il évolue pourtant au sein d'un registre et d'une dynamique distincts.
Bluff est un film qui regarde avec mélancolie vers le passé plus qu'il ne s'inscrit dans le présent comme son glorieux aîné, ce dernier étant indissociable du début des années 70 et de l'essor fulgurant de la figure du vigilante.
Avec son schéma aujourd'hui un peu rincé de cow-boy désuet perdu dans l'administration citadine, l'œuvre de Siegel se présente en réalité comme un chant du cygne du western classique, un adieu nostalgique à ses figures de proue et codes désormais caduques.
Eastwood et Siegel construisent ainsi une série de contrastes comiques, mais jamais moqueurs ni complètement dénués de tendresse, entre les mœurs de l'Ouest et de l'Est. Certaines scènes, comme celle où Coogan se retrouve noyé dans une cohue hippie à la Andy Warhol, synthétisent de manière ouvertement satirique cette tendance.
Coogan's Bluff se vit finalement comme un western truculent, concis, efficace et léger et non comme un polar noir d'encre, dénonciateur et clinique tel que le sera Dirty Harry. Un jalon essentiel et déjà pleinement accompli dans les carrières respectives de ces deux comparses.