"Si je buvais moins, je serais un autre homme, et j’y tiens pas !"

Sorti en 1962 et réalisé par le grand Henri Verneuil, Un singe en hiver est une comédie dramatique adaptée du roman du même nom d'Antoine Blondin et scénarisé par Michel Audiard, dont on reconnait tout de suite le talent de dialoguiste. En têtes d'affiche, on retrouve le duo de choc Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo. C'est un film qui est généralement cité dans tous les sondages comme le meilleur film d'Henri Verneuil, mais aussi de Jean Gabin et de Jean-Paul Belmondo ... et l'un des meilleurs films traitant des problèmes de l'alcool. Tout ici respire le grand cinéma d'antan, en premier lieu grâce aux dialogues de Michel Audiard qui sonnent si bien dans la bouche de Jean Gabin ("Tu m’emmerdes gentiment, affectueusement, avec amour, mais tu m’emmerdes…") et bien sûr aussi pour ses deux interprètes principaux qui sont absolument monstrueux.

En 1944, nous retrouvons Albert Quentin (Jean Gabin), le propriétaire d'un hôtel qui aime bien l'alcool ... en fait, il est complètement bourré ! Et alors que le village est bombardé, il fait une promesse à sa femme Suzanne (Suzanne Flon) que s'ils en ressortent vivant, il arrête de boire ... et en effet, sa vie et celle de femme sont épargnées durant le bombardement et son hôtel tient toujours debout. Nous faisons un petit saut dans le temps (15 ans après), Albert possède toujours son hôtel, mais cette fois-ci il est sobre ... jusqu'à l'arrivée de Gabriel Fouquet (Jean-Paul Belmondo), un jeune homme venu d'Espagne qui va raviver en lui l'envie de boire. Gabriel noie son chagrin dans l'alcool après un chagrin amoureux et il se retrouve là, dans un petit village sur la côte normande, pour revoir sa fille (sans trop vouloir en dire plus). Et ce qui au départ aurait pu être un choc des générations, se transforme en une véritable complicité entre les deux hommes, Albert se reconnaissant en lui plus jeune.

La rencontre entre Jean Gabin, qui est alors au sommet de son art et Jean-Paul Belmondo, qui est la star montante, tient toutes ses promesses. L'alchimie est évidente entre les deux acteurs, l'un représentant la vieillesse tranquille et l'autre l'envie de liberté. Jean-Paul Belmondo redonne vie au vieil homme et s'ensuit un véritable artifice, au sens propre comme au sens figuré. La mise en scène d'Henri Verneuil n'a rien de révolutionnaire ici, mais l'intérêt est ailleurs, elle est là pour mettre en valeur les deux acteurs (et Suzanne Flon aussi) et elle le fait bien. On a la scène où Bebel joue le taureador avec des voitures, le duo Bebel-Gabin dans la maison de passe/le restaurant chinois, le feu d'artifice final et ce tout dernier plan sur Gabin qui valide toute la construction de leur relation.

Bref, Henri Verneuil nous offre une œuvre qui va bien au delà du sujet sur l'alcoolisme et réussit à rendre son film passionnant de bout en bout en l’agrémentant de scènes inoubliables et qui plus est, avec deux acteurs à l'unisson. C'est un film beau et profond sur l'amitié, les souvenirs et sur la vie qui doit aussi beaucoup à ses dialogues extrêmement bien écrits de Michel Audiard et à sa très belle musique de Michel Magne. (8,5/10)

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