Fiddler on the Roof est l'adaptation pour le cinéma de la célèbre comédie musicale de Joseph Stein, dans un style proche du vaudeville où prose et chant se mélangent et se relaient, alternant ton dramatique et phases comiques marquées par un humour irrésistible.
L'œuvre nous place dans le contexte de la Russie du fin XIXème, début XXème, à l'époque des pogroms et de la recrudescence des idées bolchéviques. Tevye est un humble laitier qui va constater et subir cette époque riche en bouleversements pour la petite communauté juive du village d'Anatevka.
"Send us the cure, we've got the sickness already."
Pour comprendre l'attrait de cette adaptation fidèle par Jewison de l'original, disons que Fiddler on the Roof dégage une chaleur et un charme excessivement réjouissants. On se sent vraiment en empathie avec cette communauté juive : les situations sont très drôles, les personnages sont bien campés et les dialogues font mouche.
La prestation remarquable de Chaim Topol qui s'était déjà distingué dans son interprétation du rôle au théâtre, succédant à Zero Mostel, apporte un charisme fou au personnage : Topol a vraiment une tête de porte-bonheur et ses mimiques et intonations sont hilarantes.
"I know, I know. We are your chosen people. But, once in a while, can't you choose someone else?"
La finalité de l'œuvre n'est pas de dépeindre une image misérabiliste des juifs de l'époque et de cette condition, mais d'expliquer leur culture, leur relation au monde (relativement fermée et autarcique) et la façon dont ils ont vécu et répondu aux agressions extérieures. Le violon sur le toit cadence le récit d'une communauté, isolée en terres étrangères, qui s'accroche désespérément à ses traditions pour ne pas s'oublier et conserver les us et savoirs de leurs pères, créant malgré-eux l'hostilité des communautés attenantes et de leurs autorités qui ont bien du mal à tolérer ce peuple en si grand nombre qui foule « leur terre ». La communauté juive d'Anatevka va devoir apprendre à faire face à un monde qui les menace de plus en plus, alors que circulent les « idées nouvelles », qu'elles soient bolchéviques ou romantiques, luttant désespérément pour préserver leurs terres et confort social en s'appuyant sur leurs coutumes comme à des repères intemporels et inébranlables.
"On the other hand..."
Il m'apparaît bon de souligner, pour conclure, que j'ai eu vent d'une traduction VF complètement atroce (j'ai pu moi-même l'entendre, ils traduisent les passages chantés). Pour ceux qui en douteraient : ce film ne peut décemment s'apprécier qu'en VO.